Bars et discothèques: le bonheur des uns, le malheur des autres
Alors que le déconfinement et les assouplissements en matière d’aménagement de terrasses sur la voie publique dans le Plateau-Mont-Royal ont bénéficié à plusieurs bars et restaurants, les discothèques peinent à s’adapter au contexte de la crise sanitaire.
Sur l’avenue du Mont-Royal, comme sur d’autres artères de la métropole, plusieurs bars ont vu leur achalandage rebondir depuis que le gouvernement du Québec a autorisé leur réouverture sous certaines conditions, le 25 juin.
«On nous a permis d’agrandir notre terrasse à près du triple par rapport à d’habitude. Donc, on a un gros achalandage grâce à ça», indique à Métro le propriétaire du pub Chez Baptiste de l’avenue du Mont-Royal, Federico Rivas. Afin de faciliter la relance économique et le respect de la distanciation physique, la Ville de Montréal a assoupli cet été les règles reliées à l’octroi de permis pour des terrasses pour les commerces. Ainsi, bien que la capacité intérieure de la taverne soit passée de 120 à 50 personnes en raison des mesures sanitaires en vigueur, le commerce connaît actuellement une rentabilité intéressante.
«Pour nous, au niveau de l’achalandage global et de la rentrée d’argent, on vend plus que l’année passée grâce à la terrasse», confie M. Rivas, dont le «principal souci» réside actuellement dans le manque de main-d’oeuvre alors que plusieurs de ses anciens employés tardent à revenir en raison de la Prestation canadienne d’urgence.
Les discothèques dans le noir
Les discothèques du Plateau-Mont-Royal, pour leur part, peinent à s’adapter en prévision de leur réouverture. C’est le cas de la boîte de nuit La Rockette, située sur la rue Saint-Denis, à proximité de l’intersection avec l’avenue du Mont-Royal.
«La vocation première de La Rockette, c’est le dance floor, le party, soit l’inverse de la distanciation physique», soulève son gérant, Maxime Lemire. La boîte de nuit, située au deuxième étage d’un immeuble, ne dispose pas de l’espace nécessaire pour aménager une terrasse. M. Lemire demeure toutefois confiant qu’il saura «s’adapter». Il envisage par exemple d’installer des tables et des chaises sur la piste de danse de la discothèque et d’y offrir un service aux tables, ce qui serait une première pour ce commerce.
«On va trouver un moyen de rendre l’expérience plaisante en respectant mesures de la santé publique», assure le gérant, qui confie vouloir ouvrir la populaire boîte de nuit «quelque part dans la semaine du six juillet».
Distanciation physique
À quelques pas de La Rockette, on retrouve le Pow Pow, une boîte de nuit ouverte depuis à peine un an et demi qui connaissait déjà un franc succès avant la pandémie. Son copropriétaire, Cédric Marinelli, n’a pas encore prévu une date pour la réouverture du commerce. Il préfère attendre que Québec autorise les rassemblements de 50 personnes sans distanciation physique, indique-t-il à Métro.
«On se croise les doigts pour que ce soit possible dans deux semaines, un mois. Sinon, on va faire autre chose», ajoute M. Marinelli, qui envisage d’aménager une terrasse sur la rue Saint-Denis, devant la discothèque. Il pourrait ainsi accueillir des clients à l’extérieur de celle-ci. «Mais ce ne sera pas possible à l’intérieur. On ne voudrait pas recevoir une amende parce qu’on ne peut pas contenir le monde», laisse tomber le propriétaire.
«On était ici pour faire danser le monde. Il faudra faire autrement.» -Maxime Lemire, gérant de La Rockette
Deuxième vague
Selon le consultant en développement commercial Glenn Castanheira, la «seule solution» pour les discothèques, «c’est de s’adapter».
«Les bars débordent en ce moment, donc c’est le moment pour les discothèques de s’ajuster», martèle-t-il.
Il comprend toutefois que certaines d’entre elles préfèrent prendre un pas de recul avant d’investir dans des aménagements temporaires en prévision de leur réouverture cet été.
«Je pense que la vraie question que tous les commerçants doivent se poser, c’est combien ça coûte pour s’adapter et demeurer ouvert dans les circonstances actuelles. Il faut aussi se demander si cet investissement vaut la peine dans l’éventualité fort probable d’une deuxième vague», conclut-il.