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Le SPVM appelé à reconnaître le caractère «systémique» du profilage racial

Profilage racial
Alain Babineau, du Centre de recherche-action sur les relations raciales, (CRARR). Photo: Josie Desmarais/Métro

Menée par le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), une coalition d’organismes et d’élus presse la Ville de Montréal et son service de police d’entamer des «réformes majeures» pour combattre et reconnaître le caractère systémique du profilage racial, à l’heure où le monde entier se mobilise pour les droits de la communauté noire.

«On veut entendre une déclaration officielle: le profilage racial systémique, ça existe. Nous ne l’avons pas entendu encore», a martelé mercredi le conseiller du CRARR, Alain Babineau. Il affirme que les récentes annonces du SPVM – dont l’arrivée d’une politique sur les interpellations en juillet prochain – sont largement insuffisantes. «Ça fait 35 ans qu’on parle de profilage. C’est bien qu’on ait l’écoute de la police, et de la Ville. Mais ce n’est pas assez», tonne l’ancien policier de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), qui affirme avoir lui-même été victime de profilage dans le cadre de ses fonctions.

Il réclame entre autres une politique sur la collecte de données basées sur la race à Montréal. La coalition soutient qu’un comité consultatif, composé d’experts, de représentants communautaires et de policiers, pourrait utiliser ces données pour mettre en place de nouvelles mesures chaque année.

«Plusieurs administrations se sont succédées au fil des années. De Bourque à Tremblay, en passant par Coderre et Valérie Plante, on est encore à discuter de politiques sur le profilage racial», déplore la conseillère indépendante dans Montréal-Nord, Renée-Chantal Belinga. Elle affirme que les élus ont «une obligation d’obtenir des résultats» rapidement.

«Georges Floyd est un exemple de ce qui peut arriver quand un service de police n’est pas imputable. À Montréal, on a aussi nos victimes de brutalité policière.» – Renée-Chantal Belinga, conseillère indépendante, citant le cas de Fredy Villanueva

Les caméras corporelles, une nécessité

Tous les policiers devraient porter des caméras corporelles en permanence, plaide le regroupement, qui réclame qu’un projet «permanent» voit le jour. Un projet-pilote avait été effectué par le SPVM en 2016. Mais Valérie Plante avait ensuite écarté son implantation, notamment en raison des coûts importants. La semaine dernière, la Ville s’est toutefois montrée ouverte à rouvrir la discussion.

«Pendant un an et demi, la mairesse a tergiversé sur les caméras corporelles. Maintenant que le gouvernement Trudeau s’avance, elle annonce qu’elle serait prête à aller de l’avant. C’est un manque de leadership clair sur un enjeu crucial», accuse le chef de l’opposition, Lionel Perez.

Même son de cloche pour le conseiller de Snowdon, Marvin Rotrand, qui est à l’origine d’une motion adoptée à l’unanimité cet automne demandant au SPVM de cesser les interpellations abusives. «Depuis, six mois ont passé, et rien ne s’est vraiment passé. On doit aller de l’avant, que la Ville soit avec nous ou pas. Nous allons forcer le changement», promet-il.

«On veut repenser la police pour le 21e siècle. C’est possible de le faire. Il y a une marge de manœuvre dans le budget pour ça.» -Marvin Rotrand, conseiller de Snowdon

En après-midi, mercredi, la mairesse Plante s’est dite ouverte à plusieurs options. «Si on veut adresser la discrimination systémique, pourquoi on ne trouverait pas des solutions systémiques? Ça veut dire de travailler avec le SPVM, et d’évaluer l’implantation de caméras corporelles», a-t-elle dit, disant vouloir prendre le temps de peser les pour et les contre.

La semaine dernière, le directeur du SPVM, Sylvain Caron, disait n’avoir «jamais été contre» l’idée des caméras corporelles. «C’est un outil parmi tant d’autres. Elles ont leurs limites. Ça va tout régler? Non. Mais ça peut en régler une partie», avait-il soulevé.


Une «vraie consultation» demandée

Aussitôt déposée, la politique sur les interpellations du SPVM devra faire l’objet d’une consultation publique. La Ville a par ailleurs déjà confirmé que la Commission sur la sécurité publique entendra les préoccupations de la population.

Mais le conseiller d’Ensemble Montréal dans Marie-Clarac, Abdelhaq Sari, veut pour sa part aller plus loin.

«Je demande que ce soit étudié par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), qui est un organe indépendant», tranche-t-il. L’élu affirme qu’il craint de diluer les vrais enjeux si le débat public se tient dans une branche relevant de l’administration municipale.

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