Profilage racial: un commandant du SPVM veut «bannir» les injustices
Dans la foulée de la mort de Georges Floyd aux États-Unis, un commandant du SPVM presse ses collègues d’en faire plus pour combattre le profilage racial et le racisme qui, selon lui, sont encore bien présents au sein de l’organisation.
«Notre organisation doit intensifier de façon concrète sa lutte contre le racisme et le profilage racial qui existent encore, tant à l’intérieur de ses murs, que lors de certaines interventions», écrit Patrice Vilcéus, dans un message envoyé à plusieurs cadres du service de police, entre autres rapporté par La Presse et TVA Nouvelles mercredi soir.
Haïtien d’origine, le commandant ajoute que le SPVM «doit être un chef de file dans cet élan de prise de conscience». «Comme tant d’autres, il m’importe de voir mon organisation briller sur ces questions», tranche-t-il.
Dimanche dernier, sur Twitter, le corps policier montréalais avait exprimé son «désarroi» face au décès de Georges Floyd, étouffé par un policier à Minneapolis.
«Autant le geste posé, que l’inaction des témoins présents, vont à l’encontre des valeurs de notre organisation», disait-on. Pour M. Vilcéus, ce tweet «a été un réconfort le temps d’un instant». Mais il veut se questionner sur la suite des choses, précisant que la mission première des policiers est «de protéger des vies».
«Quelles seront les actions que préconisera l’organisation ? Est-ce que le SPVM peut insuffler en son sein et par ses actions les changements dont parlait Gandhi. Les valeurs de l’organisation sauront-elles s’actualiser afin de prendre en compte les injustices et les inégalités qui persistent en vue de les bannir dans la communauté et, peut-être, devenir l’exemple à suivre ?» -Patrice Vilcéus, commandant du SPVM
Le SPVM accueille favorablement
Le porte-parole du SPVM, André Durocher, accueille pour sa part «favorablement» le commentaire de son collègue. «C’est une opportunité d’enrichir un débat, parce que les réflexions sur ce sujet sont déjà amorcées depuis un bout de temps. Ce qui s’est passé aux États-Unis interpellent tout le monde», explique-t-il à Métro.
À savoir maintenant si le profilage fait partie de la culture de l’organisation, M. Durocher dit vouloir apporter des nuances. «Qu’il y ait des incidents de profilage, c’est une chose, mais de dire que c’est une organisation raciste, c’en est une autre. Il faut faire attention. Aucune organisation ne peut dire qu’elle a le monopole de quelconque biais.»
«Ce qu’on retient, c’est le message. On a une occasion de prendre la balle au bond et d’en faire quelque chose de positif.» -André Durocher, porte-parole du SPVM
D’ailleurs, les inspecteurs du métro de Montréal partagent aussi les mêmes préoccupations. Interpellé par Métro, le président de la Fraternité des constables et agents de la paix (FCAP-STM), Kevin Grenier, est catégorique. «C’est inacceptable qu’en 2020 il y ait encore de la discrimination. Nos dénonçons ces actes. Il doit y avoir une prise en charge collective de la société et des différentes organisations», lâche-t-il.
Relevé, puis réintégré
En mai 2017, Patrice Vilcéus avait été relevé de ses fonctions «à la suite d’informations transmises par la Sûreté du Québec» (SQ) voulant qu’il ait commis de l’ingérence dans un dossier de l’escouade Éclipse, qui se concentre notamment sur le crime organisé.
Le policier était alors le quatrième haut gradé à être suspendu en deux mois, en raison de l’enquête de la SQ.
Quelques mois plus tard, le principal intéressé a toutefois été réintégré dans les rangs du service de police, avec d’autres fonctions, aucune accusation n’ayant finalement été retenue contre lui.
Hier, l’ancien inspecteur du SPVM, Guy Ryan, a aussi jugé que l’intervention des policiers sur Georges Floyd était «inacceptable».