La Fédération canadienne des contribuables (FCC) presse les élus de la Ville de Montréal de baisser leur salaire en soutien aux milliers de citoyens dans la métropole dont le portefeuille écope de la crise du coronavirus.
«Il y a plusieurs politiciens à travers le monde qui ont baissé leur salaire dans les dernières semaines», évoque le directeur pour le Québec de la FCC, Renaud Brossard.
Il cite en exemple la Nouvelle-Zélande, où la première ministre Jacinda Ardern a annoncé la semaine dernière qu’elle et ses ministres baisseraient leur salaire de 20% en soutien aux citoyens qui écopent des répercussions économiques majeures de cette pandémie. Au début du mois, les députés et les ministres de la Bulgarie ont pour leur part décidé de reverser leur salaire au système de santé publique afin de contribuer au financement de la lutte contre le coronavirus.
«Il y a plusieurs politiciens qui réalisent qu’ils doivent montrer l’exemple, considérant tous les impacts que la crise sanitaire a sur les finances publiques», renchérit M. Brossard.
Au Canada, le maire d’Halifax, Mike Savage, a récemment décidé de baisser son salaire de 20% au moins jusqu’au premier juillet. Sa rémunération s’élève en temps normal à environ 190 000$.
À Vancouver, où la menace d’une faillite plane, le maire Kennedy Stewart a décidé de réduire de 10% son salaire, qui s’élève à un peu plus de 178 000$. La plupart des élus municipaux de la ville côtière ont d’ailleurs indiqué qu’ils lui emboîteraient le pas.
«On invite toutes les villes du Québec à suivre l’exemple d’Halifax et de Vancouver.» -Renaud Brossard, directeur pour le Québec à la FCC
Et à Montréal?
À Montréal, cette option ne semble pas encore être dans les cartons. Le président du comité exécutif, Benoit Dorais, a toutefois reconnu la semaine dernière que la crise du coronavirus affectera les finances de la métropole, notamment en diminuant ses revenus provenant du secteur immobilier.
Face à cette situation, le parti Ensemble Montréal presse la Ville de procéder à procéder à un révision de son dernier budget. Adopté en décembre dernier, celui-ci prévoit une hausse de 8% des dépenses dans la métropole cette année.
«D’une certaine façon, si on veut que nos finances municipales demeurent viables à long terme, il y a des choix difficiles qui devront être faits. Une réduction des dépenses sera nécessaire», estime Renaud Brossard. Selon lui, ce ne sont pas que les citoyens qui devraient avoir à faire des «sacrifices» pendant cette pandémie, mais aussi les élus.
Une demande «prématurée», selon une experte
Une réduction du salaire des élus à Montréal serait toutefois «prématurée», selon l’experte en gouvernance et professeure à l’UQAM, Danielle Pilette. Cette dernière souligne qu’en raison de la crise sanitaire, qui a frappé plus tôt à Montréal qu’ailleurs au Québec, les élus et les cadres de la Ville sont plus occupés que jamais. Elle note aussi la menace d’inondations, qui pourraient leur donner encore plus de pain sur la planche.
«Montréal est l’épicentre [de la crise sanitaire]. Attendons que la courbe se soit aplatie avant d’envisager cette possibilité», lance l’experte.
La Ville n’a pas voulu indiquer si elle envisage une baisse du salaire des élus pendant la crise du coronavirus.
«Nous avons à coeur la situation des Montréalais qui sont affectés par la crise du COVID, et ce, de différentes façons», assure toutefois l’attachée de presse du comité exécutif, Laurence Houde-Roy. Elle souligne notamment que la Ville a reporté au 2 juillet l’échéance du deuxième versement des taxes municipales et mis en place des programmes d’aide financière pour les entreprises.
La Ville dévoilera aussi un plan de relance économique «à la mi-mai».
Actuellement, Montréal compte 9348 personnes atteintes du coronavirus, soit près de la moitié des cas au Québec, selon les derniers chiffres rendus publics par la santé publique. La métropole recense aussi 583 décès.