Des centres de désintoxication de la province déplorent un «immobilisme» du gouvernement, ce qui forcerait 95% d’entre eux à refuser les nouveaux clients. Ils craignent des impacts importants sur les populations vulnérables qui doivent rebrousser chemin.
Depuis l’éclosion du coronavirus au Québec, l’Association québécoise des centres d’intervention en dépendance (AQCID) a fait part de plusieurs demandes financières et matérielles au ministère de la Santé et des Services sociaux.
Le regroupement, qui représente plus d’une centaine d’organismes spécialisés dans les questions de dépendance, exige entre autres d’avoir accès aux primes versées par Québec au personnel soignant. Il cherche aussi à obtenir du matériel de protection.
«Il n’y en a pas, d’appui de la part du gouvernement. Ce qui fait en sorte que la plupart on dû arrêter leurs admissions pour assurer la sécurité, autant du personnel que des usagers», observe le directeur général de l’AQCID, Vincent Marcoux.
«C’est particulier. Le gouvernement dit que la clientèle itinérante et dépendante est l’une des plus vulnérables à la COVID-19. On ne comprend pas la lenteur.» – Vincent Marcoux, DG de l’AQCID
Des fermetures
Certaines ressources vont jusqu’à fermer leurs portes aux nouvelles admissions, par manque de financement. C’est le cas de la maison l’Exode, à Montréal, et du Pavillon de l’Assuétude, dans la petite municipalité de Saint-Guillaume.
«La situation est intenable pour notre organisation. Nous avons tenté de nombreuses approches auprès de notre CIUSSS, sans succès. C’est malheureusement les personnes qui ont besoin de nos services qui vont écoper», évoque dans un communiqué de presse la directrice générale de cette ressource régionale, France Bouffard.
«Ils restent dans la rue et ils ont de plus en plus de difficulté à avoir accès aux services», ajoute Vincent Marcoux.
À Montréal, en particulier, la situation se corse. «Il ne reste qu’un service d’injection supervisé ouvert, le Cactus», observe le DG de l’AQCID.
Québec «y travaille»
Les centres de désintoxication auront besoin d’un soutien financier des CIUSSS s’ils veulent continuer à fournir des services, constate M. Marcoux. «Il y a des pertes financières majeures, mais on nous demande de maintenir nos services.»
Contacté par Métro, l’attaché de presse de la ministre de la Santé et des Services sociaux maintient que les centres de désintoxications «sont un service essentiel».
«On y travaille et on analyse le dossier», souligne Alexandre Lahaie.