Les rues de Montréal sont plus sales qu’à l’habitude à l’arrivée du printemps. La mise en suspens du nettoyage des rues, des trottoirs et des pistes cyclables dans la métropole en raison de la crise du coronavirus pose un enjeu de sécurité pour plusieurs Montréalais, soulèvent des organismes.
Le mois dernier, la Ville de Montréal a mis sur pause ses services jugés non essentiels afin de respecter des directives du gouvernement Legault. Ce dernier a d’abord ordonné la fermeture de tous les commerces et entreprises non essentiels jusqu’au 13 avril. Québec a depuis annoncé que cette mesure demeurera en vigueur au moins jusqu’au 4 mai.
«Suite aux indications du Gouvernement du Québec de cesser toutes activités non essentielles qui ne peuvent être exécutées en télétravail, la Ville a pris la décision de suspendre jusqu’à nouvel ordre le nettoyage de rue», indique à Métro la relationniste Karla Duval, de la Ville de Montréal. Une exception est toutefois en vigueur pour les secteurs à risque d’inondations, où des employés sont à pied d’oeuvre pour nettoyer les rues et les puisards «pour des raisons de sécurité».
Ménage printanier
C’est donc tout le grand ménage printanier qui est mis sur pause. En temps normal, c’est autour du mois d’avril que la Ville déploie ses employés pour déblayer des rues et colmater des nids-de-poule. Des camions-respirateurs procèdent également au nettoyage des trottoirs, tandis que des milliers de bénévoles s’organisent pour prendre part à de grandes corvées de nettoyage un peu partout dans la métropole.
Cette mobilisation étant mise sur pause, plusieurs citoyens ont indiqué à Métro n’avoir jamais vu les rues et les trottoirs de Montréal aussi sales. On y retrouve des détritus de toutes sortes, comme des feuilles, des sacs de plastique et des crottes de chien, notent-ils. Une situation qui, en plus de miner le moral des passants, peut poser un enjeu de sécurité.
«Les personnes en fauteuil roulant n’osent même pas sortir du tout pour faire le tour du carré [de maisons] parce que s’il y a du verre, on risque de crever nos pneus», évoque la présidente du Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ), Linda Gauthier. Pour les personnes handicapées qui n’ont d’autre choix que d’aller elles-mêmes à l’épicerie et à la pharmacie, cette situation est particulièrement problématique, souligne-t-elle.
«Quand tu te déplaces avec une canne blanche, quand tu arrives au coin de la rue, s’il y a un paquet de détritus qui s’amassent là, ça peut te donner de fausses informations et tu peux trébucher», évoque pour sa part Serge Bélisle, une personne aveugle qui demeure dans l’arrondissement de LaSalle.
Une décision questionnable, selon Vélo Québec
Alors que des morceaux de verre et autres déchets s’accumulent dans les pistes cyclables, la présidente-directrice générale de Vélo Québec, Suzanne Lareau, questionne la décision de la Ville de mettre le nettoyage de celles-ci sur pause.
«Bien sûr, il ne faut pas que la Ville mette ses employés à risque. Mais quand on demande aux employés de se promener dans des petits véhicules-aspirateurs pour nettoyer les rues, ils ne se mettent pas très à risque», soulève-t-elle.
Initiatives citoyennes
Certains citoyens ont par ailleurs indiqué à Métro avoir commencé à nettoyer par eux-mêmes le trottoir ou la piste cyclable situés devant leur logement. Une initiative que salue la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
«Évidemment, on ne veut pas lancer une consigne en invitant tout le monde samedi à aller dans la rue pour nettoyer les trottoirs parce qu’on veut éviter les rassemblements. Mais je dois dire que c’est une excellente idée», a-t-elle déclaré jeudi matin en entrevue à l’émission de radio Tout un matin.
Le mois dernier, la Ville a retardé d’un mois les horaires des panneaux d’interdiction de stationnement sur rue, qui devait entrer en vigueur le premier avril. À partir du premier mai, le nettoyage des rues devrait donc reprendre.
«Je tiens à préciser qu’il s’agira d’un retour progressif. On ne verra pas toutes les équipes dans les rues de Montréal du jour au lendemain», a précisé Mme Plante.