STM: les nouveaux bus électriques moins accessibles aux personnes handicapées
Les derniers bus électriques commandés par la Société de transport de Montréal (STM) seraient moins accessibles aux personnes handicapées que les modèles actuellement utilisés, déplore un regroupement d’organismes. Ceux-ci craignent pour la sécurité des usagers du transport collectif à mobilité réduite.
En novembre dernier, la STM a reçu un premier bus entièrement électrique à recharge lente de la compagnie manitobaine New Flyer. Au cours des derniers mois, le véhicule a circulé à vide afin de tester notamment l’autonomie de la batterie ainsi que l’accélération et le freinage en conditions hivernales.
La STM a par ailleurs permis à des organismes membres de la Table de concertation sur l’accessibilité universelle des transports collectifs de l’île de Montréal de réaliser des tests dans ce véhicule en présence de spécialistes et de personnes à mobilité réduite.
Ces essais les ont amené à conclure à d’«importantes lacunes sur le plan de l’accessibilité universelle» dans ce véhicule, indique une lettre du regroupement d’organismes fournie à Métro. Celle-ci mentionne que le président du conseil d’administration de la STM, Philippe Schnobb, a été interpellé sur cet enjeu, en vain.
La STM a en effet décidé d’aller de l’avant en commandant 29 autres bus électriques à New Flyer. Ceux-ci devraient arriver progressivement dans ses garages à partir du mois de juin.
«Ce serait un recul par rapport à ce qu’on a avec les Nova Bus», a déploré à Métro la directrice adjointe du Regroupement des usagers du transport adapté et accessible de l’île de Montréal (RUTA), Valérie Huot. Elle faisait ainsi référence au fournisseur québécois des bus électriques actuels de la STM.
Enjeu de sécurité
Les organismes déplorent notamment que le bus en question dispose d’une porte d’entrée et d’un couloir qui ne sont pas assez larges pour assurer des déplacements simples pour les personnes qui utilisent un fauteuil roulant ou qui ont besoin d’un chien guide en raison de leurs problèmes de vision.
Le Table souligne en outre que les sièges réservés aux personnes à mobilité réduite à l’avant de ce véhicule sont trop loin de la porte, tandis qu’un siège réservé se retrouve «à l’arrière du bus».
«Pour les personnes qui ont de la difficulté à se déplacer, d’avoir à se rendre jusqu’à l’arrière du bus pendant que le véhicule est en mouvement, ça pose des problèmes de sécurité», souligne le coordonnateur de la Table de concertation des aînés de l’île de Montréal, Raphaël Massé.
Mme Huot craint par ailleurs que le manque de sièges réservés aux personnes à mobilité réduite dans ces nouveaux bus crée «une bataille entre les usagers».
«On peut penser qu’avec les années qui viennent, il y aura de plus en plus d’usagers du transport en commun qui ont des limitations fonctionnelles. Ça va devenir un enjeu», évoque pour sa part l’agent de développement du Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM), Yvon Provencher. Il faisait ainsi référence au vieillissement de la population québécoise.
«On veut que la STM s’engage à ce que ses nouveaux bus soient tous accessibles.» -Raphaël Massé
Horizon 2025
Le nombre de bus électriques augmentera considérablement à Montréal au cours des prochaines années, la STM ayant comme cible de n’acquérir que des véhicules de ce type à partir de 2025 dans le cadre de son virage vert.
Afin d’éviter que les prochains bus électriques présentent les mêmes enjeux que ceux de New Flyer, les organismes demandent à la STM de renforcer ses critères d’appels d’offres en matière d’accessibilité universelle.
«L’équipe d’accessibilité universelle de la STM continue à échanger sur d’autres opportunités d’améliorations avec les représentants de la Table», a réagi la STM par courriel. Sa porte-parole, Amélie Régis, ajoute être «en lien avec New Flyer pour des ajustements».
L’entreprise New Flyer n’a pas répondu aux demandes d’entrevue de Métro.