Une association d’organismes environnementaux se tourne vers les tribunaux pour réclamer la protection d’espaces verts situés sur le site du Technoparc Montréal, où d’importants projets de développement sont en cours.
«Ce sont parmi les dernières terres humides de Montréal», mentionne à Métro le président de la Coalition verte, Gareth Richardson.
Le regroupement a entamé lundi sa cause devant la Cour supérieure du Québec, qui l’oppose à la Ville de Montréal et au ministère de l’Environnement du Québec.
La Coalition verte tente depuis 2016 d’empêcher la destruction de milieux naturels sur ce site. Elle s’oppose ainsi à l’aménagement de l’Éco-Campus Hubert Reeves sur une partie de l’immense parc de recherche scientifique. L’objectif de la Ville est d’en faire un lieu de prédilection pour les entreprises spécialisées dans le développement durable et dans les technologies propres.
Au cours des dernières années, plusieurs travaux y ont eu lieu, notamment pour prolonger le boulevard Alfred-Nobel et contenir les marais environnants grâce à une digue. La Ville prévoit maintenant ériger sur le site de l’Éco-Campus Hubert Reeves plusieurs bâtiments. Le terrain, qui totalise 20 hectares, est situé au nord de l’aéroport Montréal-Trudeau, dans l’arrondissement de Saint-Laurent.
«Ce que nous demandons, c’est qu’ils restaurent l’ensemble de l’Éco-Campus à ce qu’il était avant qu’ils mettent une digue et une rue. Nous demandons aussi qu’il n’y ait pas d’autres projets de construction sur le site sans qu’il y ait eu [au préalable] des études environnementales sérieuses», explique M. Richardson.
Il faut préciser que le site du Technoparc Montréal est convoité par différentes entreprises. Groupe Montoni, par exemple, a entrepris l’an dernier la construction d’un immeuble dans ce secteur, où transitera le Réseau express métropolitain en 2023.
Des oiseaux en péril
Lundi matin, plusieurs personnes ont manifesté devant le palais de justice, réclamant la protection des espaces verts du Technoparc. Leur mobilisation est notamment liée au fait qu’il est un lieu de prédilection pour observer de nombreuses espèces d’oiseaux, dont certaines sont en péril.
Dans un communiqué, la Coalition verte affirme d’ailleurs que les travaux de construction dans ce secteur ont entraîné «une baisse importante de la population d’oiseaux».
«La Ville aurait pu arrêter le projet et regarder le dossier. Ils ont fait le contraire. Ils ont travaille cinq jours par semaine pour massacrer le marais», déplore à Métro l’ornithologue Joël Coutu, qui représente Technoparc Oiseaux.
«C’est le principal site de reproduction des oiseaux sur l’île de Montréal. Ça attire des gens d’un peu partout.» -Gareth Richardson, président de la Coalition verte
Protection d’espaces verts
L’avocat de la Ville, Éric Couture, a pour sa part rappelé que plusieurs efforts ont été faits au cours des dernières années afin de protéger des espaces verts et des milieux humides dans ce secteur.
«Notre administration a prouvé, par ses actions, que la préservation de la biodiversité est importante», affirme l’attachée de presse la mairesse de Montréal, Geneviève Jutras, qui a rappelé les nombreuses acquisitions de terrains effectuées par la Ville ces derniers mois dans le cadre du projet du Grand parc de l’Ouest.
En décembre dernier, la Ville de Montréal est devenue officiellement propriétaire du Technoparc Montréal. Un an plus tôt, elle avait décidé de cesser de subventionner l’organisme responsable de ce parc scientifique. Cette décision faisait suite à un rapport du contrôleur général qui, en janvier 2018, soulignait le manque de transparence et d’autonomie financière et foncière de l’organisme.
La cause, qui reprendra mardi matin, devrait se poursuivre encore plusieurs jours.