Grand Montréal: l’étalement urbain augmente encore et toujours
L’étalement urbain «s’intensifie» dans les pourtours du Grand Montréal, constate la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) dans une note publiée lundi. Le phénomène s’expliquerait entre autres par la migration vers les régions «en provenance de la CMM».
«Les municipalités au pourtour de la CMM connaissent en particulier, dans les dix dernières années, une forte croissance démographique», constate le chercheur à la CMM Philippe Rivet. Une croissance qui s’expliquerait principalement par le départ de citoyens du Grand Montréal vers les régions.
Depuis 2015, en moyenne 7000 personnes par année quitteraient la grande région métropolitaine pour s’installer tout juste à l’extérieur des limites de la CMM, qui s’étend sur la Rive-Nord et la Rive-Sud. Environ 4000 d’entre eux prendraient la direction du nord dans des villes comme Saint-Jérôme, alors que 3000 ex-citoyens de la CMM opteraient plutôt pour la Montérégie.
«On sait que les citoyens recherchent des terrains moins dispendieux que le centre.» – Massimo Iezzoni, directeur général de la CMM
Des limites aux maisons individuelles réclamées
Selon Massimo Iezzoni, l’étalement urbain peut exacerber les problèmes de développement durable aux limites de la grande région de Montréal.
«On pense que le pourtour devrait faire l’équivalent de ce que nous faisons», signale-t-il.
D’après la CMM, le phénomène d’expansion urbaine serait facilité par la construction de maisons individuelles, des bâtiments qui ont tendance à occuper de plus vastes espaces. À Saint-Colomban, dans les Laurentides, quasiment 90% des immeubles résidentiels mis en chantier de 2013 à 2018 étaient individuels.
La situation est fort différente à l’intérieur des limites de la CMM, qui s’étend de Vaudreuil-Dorion à Contrecoeur et de Mirabel à Saint-Jean-Baptiste (près de Mont-Saint-Hilaire). Selon le document, «la mise en place de seuils de densité plus contraignants vient diminuer la part de marché des maisons individuelles» dans ces villes.
Sur le territoire de la Ville de Montréal, 2,4% des mises en chantiers résidentielles concernent des maisons individuelles.
Impacts automobiles
Si le nombre d’automobilistes immatriculés à Montréal a diminué pour la première fois du siècle de 2017 à 2018, les trajets en provenance de l’extérieur de la CMM continue à grimper, constate le rapport.
«Le problème avec l’étalement urbain, c’est qu’on accroît des problèmes comme la dépendance à l’automobile», analyse le professeur en urbanisme à l’Université de Montréal Jean-Philippe Meloche.
Selon les dernières données, récoltées en 2016, 100 000 personnes par jour vont travailler dans le Grand Montréal. Cela représente 28% de la population active en région, 2% de plus qu’en 2006.
C’est la municipalité de Saint-Jean-sur-Richelieu qui remporte la palme d’or des navetteurs. Plus de 14 000 Johannais transigent tous les jours vers la CMM pour travailler.
La voiture est de loin le mode de transport le plus populaire pour les résidants des régions. Seulement 6% d’entre eux n’emploient pas la voiture pour faire la navette entre leur chez-soi et leur lieu de travail.
«À la lumière du développement qui se fait dans ces municipalités-là, on n’a pas l’impression que les réseaux de transport en commun ont augmenté.» – Philippe Rivet, chercheur à la CMM
Revoir le fonctionnement de la CMM?
La CMM a été créée en 2001 avec l’objectif «de lutter contre l’étalement urbain», rappelle Jean-Philippe Meloche.
«Le périmètre qu’on lui a donné ne le permet plus», avance-t-il toutefois.
L’expert remarque que l’Ontario a emprunté une direction différente pour limiter l’expansion urbaine.
«Ils ont mis en place des politiques provinciales, observe M. Meloche. Au Québec on a décidé de mettre en place des communautés métropolitaines. C’est peut-être temps qu’on revoit leurs frontières ou leur mission.»
Selon M. Meloche, on n’a «pas donné les outils nécessaires [à la CMM] pour remplir ses objectifs».