Les événements des derniers jours au Moyen-Orient ont secoué les diasporas iranienne et irakienne aux États-Unis et au Canada. Si certains Iraniens ont célébré la mort de l’homme qui représente le régime iranien, d’autres le voyaient comme un farouche opposant de l’État islamique. Plusieurs membres de la communauté irakienne de Montréal craignent que l’Irak ne devienne une fois de plus, un terreau de guerre.
Mahdi*, qui préfère taire son nom de famille en raison de son travail qui le mène souvent à voyager aux États-Unis, estime que les assassinats du général iranien Qasem Soleimani et du général irakien Abu Mahdi al-Mouhandis constiutuent des erreurs. Il estime que ces deux commandants ont été essentiels pour contrer l’invasion de l’État islamique au Moyen-Orient.
Salam Elmousawi, arrivé au Canada en 1990, partage ce point de vue. «Sans le général Al-Mouhandis, l’Irak serait envahi par Daech», plaide-t-il. «Lors de l’invasion de l’État islamique en 2014, le gouvernement irakien avait demandé de l’aide aux États-Unis. Nous étions laissés pour compte, personne ne voulait nous aider. […] Les généraux ont combattu les forces de l’État islamique en Irak. Ce qui est ironique et mal compris est que d’un côté les Américains ont refusé d’aider le gouvernement irakien à combattre Daech et de l’autre côté, ils tuent les leaders qui empêchent Daech d’étendre son territoire».
Le général Al-Muhandis, moins connu des médias occidentaux, était le commandant des forces de mobilisation irakienne. Quelques jours avant son assassinat, il condamnait l’attaque américaine qui a tué une vingtaine de membres de l’armée qu’il avait fondée.
Concernant le commandant d’Al Qods, Mahdi reconnaît que Qasem Soleimani était certainement présent en Irak dans l’intérêt de Téhéran. Il craint maintenant des relations plus tendues avec le nouveau commandant, Esmail Ghaani. «Soleimani était beaucoup plus diplomatique que Esmail Ghaani, qui est connu comme étant un général très ferme. Avec lui, la communication s’annonce difficile au Moyen-Orient», dit-il.
Des représailles en sol irakien
Ahmed Najjari, qui est arrivé au Canada il y a 29 ans, craint que l’Irak devienne le terrain de dispute entre I’Iran et les États-Unis. Une crainte partagée par ses compatriotes. «Il y a un petit problème dans tout ça parce que les États-Unis nous ont mis là-dedans. Ils ont mis l’Irak dans ce pétrin-là, ils ne pouvaient pas bombarder l’Iran, alors ils ont bombardé l’aéroport de Bagdad. Et l’Iran pourrait répondre à cet acte-là, en Irak», déplore-t-il.
Dimanche, à la suite des tensions entre l’Iran et les États-Unis, le Parlement irakien a voté une motion sommant les forces armées étrangères de quitter le sol irakien. Pour M. Elmousawi, cela représente l’effort minimum que peuvent faire les États-Unis pour prévenir plus d’atrocités en Irak. Il estime que le retrait des forces armées étrangères en Irak limiterait plus d’atrocités au Moyen-Orient. «On s’attend à ce que le gouvernement canadien fasse pression sur le gouvernement américain pour qu’il se retire de l’Irak. Les Irakiens veulent la paix, ils souhaitent vivre leur vie comme tout le monde», plaide-t-il.