Manifestation contre une guerre en Iran à Montréal
Rassemblées devant le consulat des États-Unis à Montréal, plus de 200 personnes ont manifesté contre «l’impérialisme américain» dimanche après-midi lors d’un rassemblement organisé par des membres de la diaspora iranienne et des organismes aux positions anti-interventionnistes. Dans une ambiance tendue, plusieurs membres de la communauté iranienne de Montréal dénonçaient l’assassinat du général Qassem Soleimani en Irak, le 3 janvier dernier. Le possibilité d’une guerre entre les États-Unis et l’Iran inquiète ces montréalais.
La position du Canada questionnée
D’origine iranienne, Leila Ghaffari du Congrès irano-canadien s’oppose farouchement à l’assassinat du commandant iranien. Le commandant de la Force Al-Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique a été tué vendredi par une frappe américaine à Bagdad. «C’est un acte de guerre», dit-elle, demandant à Ottawa de condamner l’acte commandé par Donald Trump. Pour elle, Qassem Soleimani était un homme qui s’est battu contre la propagation de l’État islamique au Moyen-Orient.
Pour Ali Reza, installé à Montréal depuis 2011, l’assassinat de Qassem Soleimani est outrageant. «C’est un acte qui rompt les lois internationales. Je n’ose même pas imaginer ce qui va se passer si on ne condamne pas cet acte», confie-t-il à Métro. Selon lui, en raison des sanctions, les États-Unis sont déjà en guerre économique avec l’Iran. Mais une guerre militaire serait redoutable. Il estime que le gouvernement canadien ne peut plaider pour la paix et la stabilité au Moyen-Orient sans le retrait des forces militaires canadiennes de la région. «Il faut laisser la population décider de son sort», soutient-il.
Vendredi, le gouvernement canadien a dit suivre de près la situation.
«No more war»
Le rassemblement a été perturbé par des contre-manifestants aussi issus de la diaspora iranienne. Un homme a notamment interrompu un discours d’une militante anti-impérialiste en condamnant le régime du président Hassan Rohani. «Soleimani est le plus grand terroriste du monde», a-t-il scandé devant une foule lui répondant: «No more war» (Fin à la guerre). Une autre contre-manifestante d’origine iranienne a qualifié les intervenants de «dégueulasses» alors qu’ils brandissaient des pancartes contre la guerre en Iran avec la photo du commandant Soleimani. Ils ont accusé les manifestants de «faire le jeu du régime» en Iran, qui est très critiqué en matière de droits de la personne.
Kehan, qui préfère taire son nom de famille, dit avoir été emprisonné en Iran alors qu’il y habitait. Le quinquagénaire dit ne pas soutenir le gouvernement iranien, mais bien la population. Il craint que la situation en Syrie, en Irak et en Libye ne se reproduise dans son pays d’origine. «Nous ne sommes pas ici pour soutenir le gouvernement iranien, mais pour dénoncer cet acte illégal des États-Unis au Moyen-Orient», avance-t-il.
«Une tactique de diversion»
Le chef du Parti vert du Québec, Alex Tyrell a également pris la parole lors du rassemblement pour dénoncer la réponse «trop molle» du gouvernement fédéral à cette «attaque sur l’Iran». «Le Canada ne devrait pas être complaisant envers un président américain qui fait cela, car il fait face à une procédure de destitution. C’est n’est rien de plus qu’une diversion, il ne fait pas cela car il veut protéger les gens, mais, car il veut se protéger», a déclaré M. Tyrell lors de son discours devant le consulat des États-Unis de Montréal.