Action collective contre le REM: un long processus judiciaire en vue
La demande d’action collective d’usagers du train de banlieue Deux-Montagnes affectés par les travaux de construction du Réseau express métropolitain (REM) pourrait mener à un long processus judiciaire, a prévenu mardi un juge de la Cour supérieure du Québec.
«J’ai l’impression que cette cause va se déménager l’autre bord de la rue en Cour d’appel», a laissé tomber, mardi, le juge Pierre C. Gagnon lors d’une audience au palais de justice de Montréal.
Dès janvier 2020, le train de Deux-Montagnes n’aura plus accès au centre-ville en raison des travaux du REM, qui bloqueront l’accès au tunnel du mont Royal. Afin de pallier cette situation, des mesures d’atténuation ont été annoncées. Les milliers d’usagers quotidiens de cette ligne de train de banlieue pourront notamment emprunter diverses lignes d’autobus pour se rendre à des stations de métro et au centre-ville pendant les travaux du REM. Ces derniers devraient s’étirer jusqu’à la fin de 2023.
Les mesures proposées allongeront toutefois jusqu’à 40 minutes le temps de déplacement des quelque 15 000 usagers de cette ligne .
«Ça me prend 30 minutes actuellement en train entre Pierrefonds-Roxboro et la Gare centrale et là, on me dit que ça me prendre plus d’une heure», a déploré à Métro François Levac, un usager de la ligne de Deux-Montagnes qui demeure dans cet arrondissement de l’Ouest de l’île.
Un délai «préjudiciable»
«Ce délai, ça a des conséquences qui sont préjudiciables», a affirmé mardi l’avocat Gérard Samet, du cabinet Azran et Associés, au sujet de l’allongement des temps de déplacement attribuable aux travaux.
Me Samet porte le dossier des usagers de la ligne de Deux-Montagnes qui demandent la mise en place de meilleures mesures d’atténuation pendant ces travaux. Cette action collective vise la Caisse de dépôt et placement du Québec, mais aussi au gouvernement du Québec, à l’Autorité régionale de transport métropolitain ainsi qu’à exo, l’organisme qui gère les six lignes de train de banlieue du Grand Montréal. En tout, la défense dispose de huit avocats.
«Ça va causer un préjudice aux jeunes familles, qui n’arriveront peut-être pas à temps pour [aller chercher] leurs enfants ou pour [se rendre au] travail. Ça nuit à la conciliation travail-famille», a ajouté le juriste. La poursuite évoque aussi la possibilité que des propriétés situées le long de la ligne de Deux-Montagnes perdent de la valeur pendant la durée des travaux du REM.
Dommages «anticipés»
La défense, pour sa part, a rappelé que la ministre déléguée aux Transports, Chantal Rouleau, a rencontré en octobre dernier quatre représentants des usagers de la ligne de Deux-Montagnes. Le gouvernement du Québec a ensuite annoncé le mois dernier une bonification des mesures d’atténuation des travaux du REM, notamment par l’ajout d’autobus qui se rendront directement au centre-ville à partir de la gare de Deux-Montagnes.
L’avocat Jean-Christophe Martel, qui représente CDPQ Infra, filiale de la Caisse de dépôt, a par ailleurs affirmé que les «dommages» liés aux travaux du REM détaillés par la poursuite sont «anticipés». Ils ne peuvent donc être pris pour des faits, dit-il.
À un certain moment, le juge s’est montré exaspéré par le fait que les deux parties semblaient vouloir éterniser ce débat.
«Je veux des parties qui sont prêtes à collaborer et non pas à se mettre des bâtons dans les roues», a laissé tomber Pierre C. Gagnon.
L’audience reprendra à 9h00 mercredi au palais de justice de Montréal.