Locaux commerciaux vacants: la Ville de Montréal en quête de solutions
L’augmentation des loyers et de la taxe foncière, les nombreux chantiers et une réglementation trop rigide sont quelques-uns des facteurs contribuant à la présence de nombreux locaux commerciaux vacants sur les artères commerciales de la métropole. Une problématique à laquelle s’attaquera une consultation publique dès janvier.
La Commission sur le développement économique et urbain et l’habitation tiendra le 10 décembre en soirée une séance d’information à l’édifice Lucien-Saulnier. Une consultation publique visant à trouver des solutions à la problématique des locaux vacants sur les artères commerciales de la métropole sera ensuite déclenchée en janvier. La commission permanente analysera finalement l’ensemble des mémoires et des opinions soumis afin d’émettre des recommandations à la Ville.
«Je suis convaincu qu’on va avoir des recommandations très intéressantes et, connaissant la mairesse [Valérie Plante], ça va mener à des actions rapidement», a assuré à Métro le responsable du développement économique à la Ville de Montréal, Robert Beaudry.
Celui-ci envisage notamment une nouvelle mouture du programme PRAM-Commerce, qui subventionne les rénovations pour les locaux commerciaux.
Taux de vacance élevé
Afin d’être raisonnable, le pourcentage de locaux vacants sur les artères commerciales devrait se situer «entre 4 et 7%», indique un document de la Ville mis en ligne en prévision de cette consultation.
Or, le taux de vacance moyen des commerces sur les artères de la métropole s’élevait à 15% en juillet dernier. Cela représente 1000 locaux vacants sur 7000 recensés, selon des données de la Ville.
Ce pourcentage grimpe à 26% sur les rues Saint-Denis et Sainte-Catherine-Est, tandis qu’il s’élève à 14% sur la rue Ontario. Le document mentionne d’ailleurs que ce pourcentage a augmenté dans les dernières années sur plusieurs artères commerciales.
«On s’attend à ce que ça soit une consultation qui ne lance pas la pierre aux propriétiaires de ces locaux vacants», a réagi le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc. Ce dernier faisait ainsi référence à la possibilité évoquée par la Ville d’imposer une taxe sur les propriétaires de locaux vacants.
Chantiers et taxes
La Ville a retenu les services de la firme Segma Recherche, qui a consulté cet automne 261 commerçants présents sur huit artères commerciales dans le cadre d’une enquête de terrain sur les causes et les conséquences de ce haut taux de vacance.
Ce rapport souligne notamment que la Ville doit s’assurer de «limiter les effets» des travaux publics à sa charge.
Pour ce faire, la Ville doit «accélérer la cadence» de ses chantiers, estime le président de l’Association des sociétés de développement commercial de Montréal, Billy Walsh.
«Il faut qu’une fois qu’on ouvre la rue, on puisse s’en sortir le plus rapidement possible», a-t-il dit.
Afin d’aider les commerçants pendant les travaux, la Ville a mis en place des programmes d’aide financière. Son dernier budget prévoit par ailleurs un allègement fiscal de 12,5% pour la première tranche de 625 000$ de la valeur des immeubles non-résidentiels.
L’écart entre la charge fiscale des commerçants et des résidents montréalais demeure toutefois majeur, selon le professeur à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal, Jean-Philippe Meloche.
«Par valeur foncière, le taux d’imposition est quatre fois plus élevé pour les commerces que pour le résidentiel», souligne-t-il.
La firme propose en outre à la Ville de «contrôler la spéculation immobilière», qui entraîne une hausse des loyers commerciaux. À cet effet, la Ville pourrait notamment demander à Québec de mettre en place «une régie du loyer commercial».
«Ce qui nous intéresse, c’est de trouver quels sont les moyens que chacun d’entre nous pouvons mettre en place pour régler cette situation.» -Robert Beaudry, responsable du développement économique à la Ville de Montréal
Réglementation
Jean-Philippe Meloche estime par ailleurs que la Ville devrait revoir son règlement d’urbanisme.
«Le problème des locaux commerciaux vacants, c’est le zonage commercial de la Ville. Si on ne forçait pas ces locaux à avoir une vocation commerciale, ils deviendraient rapidement des logements», souligne-t-il.
Les Montréalais ont jusqu’au 20 janvier pour soumettre des mémoires à la Ville dans le cadre de cette consultation.