La présidente de la Commission scolaire English-Montréal (CSEM) se dit ouverte à l’idée d’une mise sous tutelle après la fuite d’un rapport accablant faisant état de dysfonctions majeures et de conflits internes au sein du conseil des commissaires.
« Le ministre a fait un constat et le rapport est clair. Peu importe ce que ça prend, il faut aller de l’avant pour résoudre les problèmes», a expliqué Angela Mancini en conférence de presse, quelques jours après la remise des résultats de l’enquête au ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge .
La présidente n’accueillerait pas la mise sous tutelle de gaieté de cœur, mais affirme que cette solution pourrait être nécessaire pour enfin régler les problèmes de gouvernance qui minent l’organisation depuis des années.
« Chaque commissaire doit prendre le temps de voir comment il peut changer pour améliorer la situation, souligne-t-elle. Je crois qu’on aura besoin d’aide. Peut-être qu’une personne qui nous accompagnerait et de laquelle on pourrait apprendre pourrait apporter ce changement. »
Dysfonctions
Les problèmes systémiques qui plombent la CSEM sont, selon elle, le résultat d’une campagne orchestrée par une majorité de commissaires, en particulier Joe Ortana et Patricia Lattanzio, qui utiliserait de « méthodes douteuses » pour usurper son pouvoir et l’inciter à partir. La présidente n’hésite pas à évoquer « d’intimidation » et de « tactiques de harcèlement ».
Elle affirme également être, en compagnie de quatre autres personnes, à l’origine d’une lettre de dénonciation adressée au ministre Roberge. Elle se disait d’ailleurs peu surprise de certains des problèmes de gestion évoqués dans le rapport.
Évoquant le «peu de respect des commissaires pour la fonction» de présidente, le document remis au Ministère a notamment dévoilé «des méthodes éthiquement discutables» pour inciter Mme Mancini à quitter son poste, comme «l’exclure des comités, voter une importante réduction de son salaire ou s’opposer systématiquement à ses propositions».
Récemment, la division profonde qui existe au sein du conseil des commissaires de la CSEM s’est manifestée dans le dossier de la contestation judiciaire du transfert d’écoles anglophones de Saint-Léonard vers la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île. Mme Mancini s’était abstenue de voter alors que la majorité avait décidé de poursuivre le gouvernement.
La légitimité de Mancini contestée
Le vice-président de la CSEM, Joe Ortona, ne s’émeut guère des allégations de Mme Mancini, estimant que cette dernière veille surtout à ses propres intérêts en défendant l’idée d’une mise sous tutelle.
« Elle est commissionnaire depuis 21 ans et présidente depuis 12. Elle pointe son doigt vers moi pour des problèmes qui précèdent mon arrivée, mais je ne l’ai jamais entendue prendre de responsabilité pour ses actions. »
Il estime par ailleurs que c’est la présidente qui est à l’origine de la culture d’intimidation existant au sein du conseil. « Je ne nie pas mon rôle pour certaines des luttes internes, admet M. Ortona. Mais je crois que tout le monde sur le conseil y a contribué. »
Pour lui, il sera important que les commissaires se réunissent et trouvent un moyen de travailler ensemble une fois que le rapport complet sera dévoilé.
« S’il y a des mesures à changer, c’est sûr que nous les étudierons, explique-t-il. Je crois que la mise en tutelle est une mesure extrême et doit être une solution de dernier recours, pas de premier. »
De son côté, Mme Lattanzio, qui est présentement en campagne électorale pour le Parti libéral du Canada , et conseillère de ville à Saint-Léonard, ne souhaite pas commenter tant qu’une analyse est en cours au ministère de l’Éducation.