Il semblerait que la plateforme Airbnb ne cause pas seulement du tort à ceux qui cherchent un appartement à louer. Les locataires de longue date subissent les conséquences de la location touristique d’appartements avoisinants. C’est le cas de David K Blume, qui vit un «véritable enfer».
La semaine dernière, des chercheurs de l’Université McGill ont publié une étude sur l’impact de la plateforme Airbnb sur le parc locatif au Canada. Selon les données recueillies, la plateforme d’hébergement touristique retirerait 31 100 logements disponibles à travers le Canada.
M. Blume en subit les effets dans son quotidien. Depuis août 2018, un appartement de l’immeuble voisin mine grandement sa qualité de vie. Sur Airbnb, le logement est affiché comme un endroit parfait pour les enterrements de vie de garçon, et est donc constamment loué par des gens venus faire la fête.
«Cinq jours par semaine, des gens font la fête jusqu’à cinq heures du matin. Les gens ne viennent pas ici pour dormir, ils viennent ici pour faire la fête. Ils montent sur le toit, ils jettent des déchets n’importe quand», déplore-t-il.
Habitant dans un vieil immeuble de la rue Soeurs grises, dans le Vieux-Montréal, M. Blume partage des murs avec l’appartement voisin, situé dans l’autre immeuble. Or, dans l’arrondissement, les résidences Airbnb sont seulement permises sur la rue Sainte-Catherine.
«Ils ont ajouté une table de billard collée directement sur le mur de ma chambre. Je sens les boules frapper derrière ma tête chaque fois qu’ils jouent», décrit-il.
Lorsque le bruit a commencé, M. Blume a contacté le locataire, qu’il connaissait bien. Ce dernier lui a annoncé qu’il n’habitait plus l’appartement depuis peu. Une semaine plus tard, il a trouvé l’appartement sur Airbnb.
Cherchant à régler le problème, il explique qu’il s’est rendu compte qu’il n’y a pas de nouveau locataire, mais que c’est plutôt le propriétaire de l’immeuble qui sous-loue l’appartement sur la plateforme pour faire des profits.
M. Blume explique que, désormais, il ne peut «vivre une journée sans stress» et qu’il ne peut pas «profiter de sa propre maison».
«Chaque petit bruit me procure de l’anxiété, car je sais que je vais avoir à dealer avec un party, la musique, les cris», confie-t-il.
Bien que la police soit intervenue «plus de 100 fois dans la dernière année», elle ne peut que donner des avertissements pour le bruit. M. Blume a donc contacté la Ville de Montréal, la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ) ainsi que Revenu Québec, mais il déplore qu’ils «se renvoient tous la balle».
«Je n’ai pas envie d’engager un avocat pour une situation qui n’aurait même pas dû se produire en premier lieu. Pourquoi n’est-ce pas plus facile et rapide de stopper ce type d’endroit et les gens derrière? J’espère que la Ville et les gouvernements vont intervenir», espère-t-il.
Règlement
Maxime Roy-Allard, du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), qualifie la situation de M. Blume comme étant déplorable, mais malheureusement pas surprenante.
«Les municipalités et les gouvernements ne font rien pour stopper la vague», a déploré le porte-parole, Maxime Roy-Allard.
Il comprend la frustration de M. Blume de voir que les instances se «renvoient la balle», mais il considère que rien ne pourra bouger tant que le nouveau règlement pour encadrer Airbnb, qui obligera l’obtention d’un numéro d’enregistrement pour louer sa résidence, entrera en vigueur à l’automne.
«On espère vraiment que ça bouge, pour finalement sévir contre les Airbnb illégaux, comme celui-ci», explique-t-il.