Outremont rendra tous les stationnements sur rue payants à l’automne
Outremont rendra l’ensemble de ses cases de stationnement sur rue de son territoire payantes dès la fin octobre en plus d’augmenter leur nombre. Un plan lucratif que l’arrondissement entend réinvestir dans des mesures de verdissement.
«C’est sûr que lorsqu’on fait ce genre de changements-là, il y a des inquiétudes. Il y a des gens qui vont vivre des périodes d’adaptation, mais on va s’assurer de bien leur expliquer l’impact sur leur quotidien à eux, a assuré jeudi le maire de l’arrondissement d’Outremont, Philipe Tomlinson. Je suis certain que l’ensemble de nos résidants vont finir par voir ça d’un bon oeil.»
M. Tomlinson a tenu une conférence de presse jeudi pour dévoiler les détails du nouveau plan de stationnement de l’arrondissement d’Outremont, où l’on retrouve en moyenne un véhicule par ménage, soit quelque 9500 véhicules.
Des vignettes dispendieuses
Actuellement, 40% des places de stationnement dans Outremont nécessitent l’utilisation d’une vignette pour toute immobilisation d’un véhicule de plus de deux heures. Or, d’ici la fin du mois d’octobre, l’ensemble du stationnement sur rue dans l’arrondissement deviendra payant et sera regroupé dans une seule zone avec vignette.
Pour une vignette annuelle, la valeur de celle-ci variera de 100 à 140$ en fonction de la grosseur du moteur du véhicule, soit une somme semblable au système précédent, qui a permis à l’arrondissement d’engranger 85 000$ l’an dernier.
Avec ce nouveau plan, l’arrondissement entend néanmoins engrangé au moins 400 000$ par année, notamment par le biais de la mise en place d’une vignette mensuelle, qui s’élèvera à 100$.
«C’est 15$ de plus que la carte Opus. Donc, si les gens trouvent ça cher, ils peuvent s’acheter une passe d’autobus, c’est moins cher», a lancé le maire d’Outremont, où le nombre de véhicules a augmenté de 10% entre 2008 et 2013.
Un des objectifs de cette nouvelle politique, qui sera adoptée par les élus de l’arrondissement lundi prochain, est également de réduire le nombre de personnes qui se rendent à Outremont seulement pour y stationner leur véhicule.
«On veut qu’il cesse d’y avoir des gens qui viennent à Outremont juste pour stationner leur voiture et prendre un BIXI pour aller au centre-ville», a illustré M. Tomlinson, qui a souligné que les visiteurs ponctuels pourront se procurer une vignette journalière à 10$ pour stationner leur véhicule plus de deux heures dans l’arrondissement. Une telle permission, qui pourra être obtenue dans les bureaux de l’arrondissement, sera éventuellement disponible en ligne ou encore dans «une série de dépanneurs» du secteur, a laissé entendre le maire.
Cette nouvelle politique, dont l’avis de motion sera adopté lundi prochain par les élus de l’arrondissement, permettra par ailleurs d’augmenter de 400 le nombre de cases de stationnement disponibles pour les résidants de l’arrondissement en mettant fin au stationnement en alternance dans plusieurs rues à sens unique. Une décision qui vise à répondre à la «rareté» de cases de stationnement disponibles dans l’arrondissement, indique un document explicatif.
Bien qu’il souhaite que son initiative «fasse des petits», le maire Tomlinson n’a pas voulu comparer son annonce au désir de l’ancien maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, de voir l’ensemble des cases de stationnement hors rue et sur rue être tarifées dans la métropole.
«Ce qu’on fait ici à Outremont, c’est un plan pour Outremont. Je ne crois pas que ce serait un plan qui s’appliquerait pour le Plateau. Le Plateau a ses propres projets, ses propres plans, qui s’appliquent à ses citoyens.» -Philipe Tomlinson, maire d’Outremont
Verdissement
Outremont entend par ailleurs réinvestir l’ensemble des surplus que permettront à terme de réaliser ce nouveau plan de stationnement dans des mesures de verdissement, comme la plantation d’arbres et l’aménagement de ruelles vertes.
«Je crois que ça va nous permettre d’aller encore plus loin dans notre transition écologique et de mettre en place des mesures. Il faut être capable d’avoir un impact le plus rapidement possible et c’est ce qu’on veut faire», a déclaré M. Tomlinson.
L’arrondissement n’a d’ailleurs pas été en mesure d’évaluer le montant de la facture de la mise en place de cette nouvelle politique, qui nécessitera l’installation de 4000 nouvelles enseignes adaptées à celle-ci au cours des prochains mois.
«On a un fonds de stationnement à Outremont avec lequel on n’a pas fait grand chose jusqu’à maintenant. Donc, on a assez d’argent dans ce fonds-là pour financer l’implantation de ce projet», a affirmé le maire.
Appelé à réagir, le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, a affirmé qu’un tel plan de stationnement n’aura «aucun impact réel sur la réduction des gaz à effet de serre ou sur la diminution du parc automobile».
«Ce n’est pas avec des mesures coercitives de ce genre que les gens vont changer leurs habitudes. Ils vont peut-être éviter Outremont, tout simplement», a-t-il lancé en entrevue au Métro.
«C’est vraiment une annonce tape-à-l’oeil [des élus d’Outremont] pour pouvoir satisfaire leur base et les disciples de Luc Ferrandez en matière environnementale.» -Lionel Perez, chef d’Ensemble Montréal