Plus d’autobus et de voies cyclables ainsi que le prolongement de la ligne orange du métro sont nécessaires pour «désenclaver» et réduire la congestion dans le secteur Namur–De la Savane, tranche le comité de travail qui a été chargé de se pencher sur ce secteur à trois ans de l’arrivée prévue du méga projet Royalmount.
«Si rien n’est fait, on va avoir une congestion insupportable. Ce qui n’est pas bon pour les promoteurs, ce n’est pas bon pour les citoyens et ce n’est pas bon pour les entrepreneurs, qui ont de la misère à embaucher du monde. Donc, il faut agir», a lancé en marge d’une conférence de presse mardi au centre-ville de Montréal la professeure au Département d’études urbaines à l’Université du Québec à Montréal et experte en mobilité, Florence Junca-Adenot.
Cette dernière préside un comité de travail comportant notamment le ministère des Transports du Québec, la Ville de Montréal, la Ville de Mont-Royal et la Société de transport de Montréal. Ce groupe a été formé en mars dernier en écho à une des recommandations d’un rapport émis à la fin du mois de janvier par la commission municipale qui a été chargée d’étudier le projet Royalmount.
«C’est un secteur qui est encastré, où il y a tellement de congestion que tout projet de développement vient empirer la situation.» -Florence Junca-Adenot, présidente du comité de travail sur le secteur Namur–De la Savane
Le secteur étudié, de 7 km2, chevauche notamment une partie des arrondissements de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et de Saint-Laurent de même que le territoire de la Ville de Mont-Royal. Cette zone peu habitée, délimitée par les autoroutes 15 et 40 ainsi le boulevard Cavendish et la rue Jean-Talon, est hautement congestionnée aux heures de pointe alors que seulement 17% des déplacements y sont réalisés en transport collectif, soit le taux le plus bas dans la région métropolitaine.
«Il faut agir immédiatement sur la bonification du transport collectif et actif pour lutter contre la congestion dans le secteur», a affirmé la mairesse de Montréal, Valérie Plante, présente à cette annonce à laquelle a également assisté la ministre déléguée aux Transports et à la région métropolitaine, Chantal Rouleau.
«Ce n’est pas que le projet Royalmount. Il y a d’autres projets aussi qui sont en voie d’être mis en place. Ce sont des projets d’habitation et des projets commerciaux qui vont avoir un énorme impact sur le territoire et jusqu’à maintenant, on n’a jamais vraiment soulevé la question de la mobilité et de l’accessibilité», a soulevé la ministre du gouvernement Legault en référence notamment au projet de revitalisation de l’hippodrome cher à la Ville de Montréal ainsi qu’à celui du Triangle, qui concerne également ce secteur.
Plus d’autobus et le prolongement du métro
Afin de contrer la congestion routière endémique dans ce secteur, le comité met de l’avant 13 recommandations et 35 actions dans un rapport publié aujourd’hui.
Parmi les recommandations qui pourraient être réalisées d’ici «deux ou trois ans», selon Mme Junca-Adenot, on note le prolongement du boulevard Cavendish jusqu’à la station de métro De la Savane en y intégrant une voie réservée, l’ajout d’une passerelle dédiée aux piétons et aux cyclistes enjambant le boulevard Décarie ainsi que l’aménagement de voies cyclables «concrètes» dans ce secteur où l’auto est roi.
Le rapport recommande par ailleurs «à moyen terme» de prolonger la ligne orange du métro jusqu’à la gare de Bois-Franc, qui accueillera le Réseau express métropolitain (REM) dans les prochaines années. Une proposition qui est d’ailleurs étudiée actuellement par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM).
«Nous allons demander à l’ARTM d’accélérer la réalisation de la fiche d’avant-projet sur ce prolongement», a soulevé Mme Rouleau, qui a rappelé que la branche ouest de la ligne orange, qui dispose d’une capacité résiduelle d’environ 68% par jour, est actuellement sous-utilisée.
Contribution financière
Le groupe de travail propose en outre des modifications majeures au projet Royalmount, un méga projet résidentiel et commercial évalué à environ 2 G$.
Dans les derniers mois, le promoteur Carbonleo a grandement modifié son projet en y intégrant des espaces verts et une dimension résidentielle tout en diminuant de 44% la superficie qui serait dédiée à des bureaux, à des commerces ou à des salles de spectacle. Le nombre de places de stationnement prévues a également chuté de 12 000 à 9850.
«Actuellement, le projet compte plus d’impacts négatifs que positifs», a toutefois affirmé la mairesse de Montréal qui, bien qu’elle salue les efforts réalisés par le promoteur, estime que l’offre de logements dans le projet doit être bonifiée.
En 2014, la Ville de Mont-Royal avait refusé une demande de Carbonleo de modifier le zonage à l’intersection des autoroutes 15 et 40 afin de pouvoir intégrer un volet résidentiel à son projet.
«À ce moment-là, on avait dit non. Maintenant, le projet a évolué. On est prêts à le revisiter et à voir si là, on serait prêt à circonscrire une petite partie du secteur industriel pour permettre du résidentielle», a déclaré en mêlée de presse le maire de Mont-Royal, Philippe Roy, qui a indiqué que les élus de la ville-liée seront appelés à trancher la question cet été.
Le rapport demande en outre au promoteur immobilier de contribuer financièrement à la bonification du transport en commun alors que le projet, s’il est réalisé dans sa forme actuelle, pourrait générer 94 000 déplacements quotidiens additionnels, surtout en voiture.
«Nous croyons à une approche de développement fondée sur la collaboration et nous maintiendrons nos échanges constructifs avec les autorités et partenaires concernés pour faire de Royalmount un véritable milieu de vie durable», a réagi le promoteur dans une déclaration écrite.