Instauré dans de nombreuses écoles primaires, le Programme d’enseignement des langues d’origine (PELO) vise à faciliter les connaissances de leur langue et de leur culture d’origine aux élèves, permettant de faire des transferts entre les langues et améliorant ainsi leurs connaissances du français et de la culture québécoise. Métro a assisté à un atelier.
Ils sont une vingtaine d’élèves d’environ sept ans, assis à des pupitres durant l’heure du dîner. Pourtant, ils ne semblent pas fâchés d’être en train d’apprendre pendant que leurs camarades s’amusent dans la cour d’école.
Au contraire, les jeunes dans la classe de la passionnée et passionnante Grace Kahwaji sont extrêmement réactifs, car il n’y a jamais de temps morts. Ils participent avec enthousiasme, scandant les lettres, les couleurs et les animaux par cœur.
«Il y avait récemment le mois de la nutrition à l’école, donc j’ai fait un atelier autour de ça, où les élèves devaient traduire la circulaire qu’ils reçoivent à la maison, faisant le pont du français à l’arabe et vice-versa», illustre Mme Kahwaji.
Pour rendre le tout plus ludique, elle leur fait traduire des contes et des fables de La Fontaine du français à l’arabe. En plus de la grammaire, elle leur fait chanter des chansons et regarder des extraits de films.
Les élèves sont unanimes : ils aiment particulièrement lorsque leur enseignante fait jouer des vidéos.
«C’est beaucoup plus vivant qu’un tableau. Si je suis enthousiaste, ils vont l’être aussi», soutient-elle.
L’importance de la prononciation est également mise de l’avant, par exemple dans le cas des mots «cœur» et «chien», où une seule intonation peut changer la signification.
Grâce à sa formation en langues arabes, Mme Kahwaji apprend l’arabe classique à ses élèves. «Il y a tellement de dialectes et de variantes selon les pays. Ça peut être un peu différent de ce qu’ils entendent à la maison, mais l’arabe classique leur permettra de dialoguer avec tout le monde», explique-t-elle.
D’ailleurs, l’arabe classique est la seule langue enseignée dans le cadre d’ateliers PELO à l’école Gilles-Vigneault, dans Ahuntsic.
Lien «parents-école»
Le PELO, qui a récemment fêté son 40e anniversaire, est un programme gratuit qui peut être offert à tous les élèves, peu importe la langue d’origine. Il revient à la direction de chaque établissement de décider si elle veut offrir le programme, mais aussi si elle le peut, car il faut un minimum de 14 enfants par groupe, pour une même langue. Or, dans certains cas, il peut y avoir un tiers des élèves d’une autre langue dans le même groupe.
«On a seulement des ateliers en arabe, car il y a une grande population arabophone dans le quartier. On a même une mère qui fait du ‘’recrutement’’ dans le quartier pour que d’autres jeunes s’inscrivent», souligne la directrice de l’école, Nathalie Parent.
Mme Kahwaji est d’ailleurs celle qui a «ouvert» le PELO à l’école Gilles-Vigneault, il y a 20 ans. «Je connais tout le monde ici», rigole-t-elle.
Cette proximité avec le personnel, les élèves et les parents crée un lien de confiance qui est «nécessaire», selon elle.
«Ça permet aux élèves et à leurs parents de se fier à moi, de se confier à moi. Je sers parfois de lien entre l’école et les parents, car je suis là depuis tellement longtemps. Ils ont confiance», –Grace Kahwaji
De novembre à avril, Mme Kahwaji enseigne à deux groupes, plus jeunes et plus vieux, à raison de deux périodes d’une heure par semaine.
«Ils n’ont pas tous les mêmes connaissances, je peux avoir jusqu’à quatre niveaux différents dans une même classe. Mon travail, c’est de m’adapter à mon groupe», mentionne Mme Kahwaji.
Pour certains élèves, ce qu’ils apprennent en classe se transpose directement dans leur quotidien, à la maison.
«J’aime beaucoup la classe de Mme Grace, parce que maintenant je peux lire des histoires à mon petit frère», confie une des élèves.
C’est dans ces petites victoires que l’enseignante trouve son plaisir. «J’aime ce que je fais. Je fais vraiment ça par amour», avoue-t-elle.