La consultation sur le racisme systémique devrait être lancée en avril
La consultation publique sur la discrimination et le racisme systémiques à Montréal a été retardée à trois reprises. La quatrième sera-t-elle la bonne? La Ville assure que oui.
Au cœur de ce retard: la publication du document de référence qui doit mettre la table avant les discussions en décrivant l’état de la situation. Ce travail revient au Service de la diversité sociale et de l’inclusion, une division de la Ville de Montréal.
Le document devait initialement être rendu public fin novembre, soit quatre mois après que la Ville eut entériné le fait que la pétition avait largement dépassé les 15 000 signatures nécessaires pour obtenir la tenue d’une consultation. «La publication a ensuite été décalée à la rentrée de janvier, puis à la mi-février et finalement à la première semaine du mois d’avril», indique Dominique Ollivier, présidente de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM).
Cette dernière ne veut pas s’avancer quant à savoir si cette fois-ci est la bonne. «C’est à la Ville qu’incombe la responsabilité de produire le contenu du document initial», précise-t-elle en ajoutant que ces délais n’avaient pas empêchés l’OCPM de mener des rencontres de préconsultation avec 16 des 19 arrondissements accompagnés de certains de leurs partenaires.
Invitée à se prononcer sur les délais, Linda Boutin, relationniste à la Ville de Montréal, a répondu par courriel que «la consultation de l’OCPM sur le racisme et la discrimination systémiques sera lancée en avril» et que le document de consultation «a été préparé avec la collaboration de tous les services municipaux, une étape qui a exigé plusieurs mois».
À propos du contenu du fameux document de consultation, l’instigateur de la pétition initiale, Balarama Holness, craint qu’il ne soit édulcoré des éléments les plus problématiques. Il demande à ce que l’entièreté du document de plus de 150 pages soit rendu public et non pas un résumé aseptisé.
«On ne veut pas que cette consultation soit un exercice de relations publiques de la part de la Ville, on veut connaître l’ampleur du problème. Si, par exemple, on voit que les minorités ethniques sont surreprésentées dans les cas d’éviction des HLM ou dans les interventions du SPVM, les chiffres seront-ils communiqués?» – Balarama Holness
Ces dernières années, plusieurs organisations municipales ont été pointées du doigt. En 2015, une recension de cinq années de décisions rendues en déontologie policière effectuée par Métro indiquait que dans la moitié des cas de policiers sanctionnés en Déontologie policière, le plaignant était vraisemblablement associé à une minorité visible.
Plus récemment, un article du Journal de Montréal révélait en février que la moitié des emplois précaires étaient occupés par des personnes issues des minorités. En 2017, les pompiers issus des minorités visibles ne représentaient que 1% des sapeurs montréalais.
Une fois le document rendu public, la consultation sera officiellement lancée. Compte tenu des délais réglementaires, l’OCPM prévoit une première rencontre publique d’information début mai. Des rencontres thématiques et des séances en arrondissement sont aussi prévues avant et après la pause de l’été. Les auditions des opinions du public devraient donc avoir lieu à l’automne.
«Comme il y a ensuite une période d’analyse de trois mois pour la rédaction et la publication du rapport final avec ses recommandations, ça nous amène en 2020. Si l’administration Plante avait accepté de tenir une consultation dès le début nous serions plus près de faire avancer les questions d’équité à Montréal», fait remarquer M. Holness avant d’ajouter que le projet de loi sur la laïcité de l’État récemment déposé par le gouvernement Legault contribue à la division.