Des limites de vitesse abaissées et davantage de feux pour piétons
La Ville de Montréal tentera d’éliminer les morts et les blessés graves sur son réseau routier par le biais d’aménagements plus sécuritaires pour les piétons et les cyclistes.
L’administration municipale a présenté lundi matin son plan d’action Vision Zéro 2019-2021, basé sur une approche visant à réduire au maximum le nombre de blessés graves et de morts sur les routes de la métropole.
«Nous sommes trop souvent témoins de collisions qui occasionnent des blessures graves et parfois même des décès […] Ce n’est pas acceptable que des gens meurent en traversant la rue. Ce n’est pas acceptable que des gens meurent en se rendant au travail», a martelé la mairesse de Montréal, Valérie Plante, lors d’une conférence de presse tenue lundi dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie.
Parmi les 22 actions inscrites à ce plan, il y a la création d’une équipe d’analyse postcollision mortelle, qui étudiera chaque site où un tel événement a eu lieu afin d’établir quelles mesures devront être prises pour rendre celui-ci plus sécuritaire, notamment pour les piétons et les cyclistes.
«C’est une ressource dédiée qui va pouvoir intervenir directement lorsqu’il y a un accident pour faire une évaluation rapide, avec le service de police et tous les intervenants nécessaires, pour avoir ensuite des recommandations pour modifier cette intersection ou ce passage», a détaillé Mme Plante.
Le plan d’action prévoit également que la limite de vitesse soit harmonisée à 30 km/h dans toutes les rues résidentielles de la métropole et que celle-ci soit réduite à 40 km/h sur les artères routières fréquentées par de nombreux usagers vulnérables de la route.
Bien qu’il salue cette décision, le directeur général de l’organisme Vivre en Ville, Christian Savard, estime qu’une réduction de la limite de vitesse ne sera respectée sur les artères routières concernées que si leur largeur est réduite en conséquence.
«Il y a des rues sur lesquelles parfois, pour réduire la limite de vitesse à 40 km/h, il faut aussi les réaménager. Tu aurais beau avoir une limite de vitesse à 40 km/h sur le boulevard René-Lévesque, l’artère est tellement large que les gens vont continuer à rouler plus vite [que la limite permise]», a-t-il affirmé à Métro.
En plus de munir à terme l’ensemble des intersections disposant de lumières de circulation de feux pour piétons numériques avec décompte, la Ville compte favoriser la mise en place de refuges pour les piétons au milieu de certaines artères routières. Elle interdira par ailleurs le stationnement à moins de cinq mètres des traverses piétonnières dans quatre arrondissements d’ici 2021.
«Plus une artère est large, plus les piétons se mettent en danger, donc l’aménagement d’îlots de refuge, c’est très intéressant, particulièrement pour les personnes âgées ou à mobilité réduite», Jeanne Robin, porte-parole de l’organisme Piétons Québec.
Afin de financer ces mesures, la Ville pigera dans divers montants inscrits à son programme triennal d’immobilisations, dont celui de 312,5M$ destiné à la rénovation de son réseau artériel ainsi que celui de 25M$ visant la mise en place d’un programme de sécurisation aux abords des écoles.
«Nous allons améliorer la sécurité des pistes cyclables, en particulier aux abords des écoles […] parce que s’il y a quelque chose qui fait consensus, c’est bien sûr la sécurité des enfants», a souligné la mairesse de Montréal.
Cyclistes
Alors que des poids lourds ont été impliqués dans la mort de nombreux cyclistes dans les dernières années, la Ville de Montréal entend limiter leur nombre et leur grosseur dans les routes de la métropole.
«Notre intention, c’est de voir comment nous limitons ou réduisons le nombre de camions sur nos routes. Nous n’allons pas interdire les camions, mais nous voulons voir comment nous pourrions avoir des camions plus petits», a indiqué Valérie Plante, qui a fait part de l’enjeu de la croissance du nombre de camions de livraison alors que l’achat en ligne est de plus en plus populaire.
La Ville de Montréal implantera par ailleurs dès cette année des zones tampons d’au moins un demi-mètre aux abords des nouvelles voies cyclables et de celles qui seront mises à niveau. L’éclairage de tous les passages sous les ponts et les viaducs sera également accru d’ici 2021 afin d’augmenter la visibilité des cyclistes à ces endroits.
«Où on veut arriver, à terme, c’est qu’il y ait plus de déplacements à vélo. Donc, c’est important que les prochains aménagements amènent plus de cyclistes […]. Les bandes cyclables, c’est bien, mais il faut presque être un cycliste aguerri pour y circuler.» -Jean-François Pronovost, vice-président, développement et affaires publiques pour Vélo Québec.
Sensibilisation
La Ville entend réaliser diverses campagnes de sensibilisation pour inciter les différents usagers de la route à être plus prudents.
«Notre comportement, peu importe le mode de transport utilisé, c’est ça qui va nous permettre ultimement de circuler de manière plus sécuritaire», a indiqué à Métro l’ambassadrice de l’approche Vision Zéro à la Ville de Montréal, Catherine Bergeron. Cette dernière est la mère du jeune cycliste de haut niveau, Clément Ouimet, qui a perdu la vie en octobre 2017 après avoir été happé par un véhicule sur la voie Camillien-Houde.
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) entend d’ailleurs collaborer à cet effort de sensibilisation alors que l’inattention est en moyenne responsable du tiers des accidents routiers dans la métropole.
«C’est très bien si tu peux savoir ce qu’il se passe à l’autre bout du monde en regardant l’écran de ton téléphone, mais qu’en est-il si tu ne peux pas savoir ce qu’il se passe à cinq pieds devant toi? C’est quelque chose sur laquelle nous devrons vraiment travailler», a déclaré André Durocher, inspecteur de la division des communications au SPVM.
En 2017, 15 piétons et 4 cyclistes ont péri sur les routes de la métropole, selon des données du SPVM.