À Montréal, les Clinton plaident pour l’entraide
Hillary et Bill Clinton ont martelé mercredi soir la nécessité de surmonter les divisions sociales et de favoriser des discours inclusifs, lors d’une conférence au Centre Bell.
«On doit recommencer à se voir comme des humains et non comme des catégories», a souligné M. Clinton, président des États-Unis de 1993 à 2001.
À ses côtés, Mme Clinton, dont la carrière en politique active s’est terminée en 2016 après sa défaite lors de l’élection présidentielle contre Donald Trump, a voulu rappeler l’importance de l’entraide dans la société américaine. «Nous avons perdu l’envie d’aider, a déploré celle qui a été sénatrice puis secrétaire d’État. On est tellement séparés en petites communautés qu’on ne se mélange plus».
C’est lors du deuxième arrêt de la tournée An Evening With the Clintons, qui passera par 13 villes nord-américaines, que le couple de politiciens s’est livré au jeu de l’entrevue avec l’animatrice, la designer Tanya Taylor, devant quelques milliers de personnes.
«On perd la trace des gens qui ne sont pas comme nous», s’est désolée «Hill», comme l’appelle Bill, en se remémorant son implication, lorsqu’elle était enfant, dans des œuvres caritatives religieuses.
Une critique sociale à laquelle a fait écho son mari quand il s’est lancé dans une tirade contre le «tribalisme». «Nous avons tous quelque chose à détester. Hillary pourrait détester bien des gens pour les choses qui lui sont arrivées en 2016», a-t-il lancé. Au lieu de la haine, affirme-t-il, les Américains devraient se concentrer sur ce qui les rassemble.
«On voit trop à court terme et on est trop égoïstes pour régler ce gros problème qui est devant nos yeux: le réchauffement climatique.» – Bill Clinton, 42e président des États-Unis
Si le nom du président américain Donald Trump n’a été prononcé qu’une seule fois, les références à ses idées politiques étaient légion pendant la soirée. «On doit arrêter d’utiliser des marqueurs d’identité qui participent à l’exclusion, à la formation de communautés étanches», a par exemple fait valoir M. Clinton.
«C’est facile de baisser les taxes», a quant à elle exposé Mme Clinton, en référence à la réforme fiscale de M. Trump, qui a fait augmenter le déficit du Trésor américain. «Ce qui est difficile, c’est de les monter afin de créer un budget équilibré et de résister aux pressions énormes de la NRA [le puissant lobby proarmes].»
«Il y a toujours quelque chose que vous pouvez faire pour rendre le monde meilleur.»
Hillary Clinton, ex-sénatrice, secrétaire d’État et première dame
Pour Bill Clinton, les divisions communautaires, ethniques et sociales «sont la plus grande menace qui plane sur l’humanité» puisqu’elles nous empêchent de nous concentrer sur les vrais problèmes, comme le réchauffement climatique. Il a insisté sur la nécessité de conserver un filet social (et d’en créer un là où il n’en a pas), afin que la transition écologique se fasse plus en douceur.
«Est-ce qu’on sera assez intelligent pour s’assurer que les pays plus pauvres et les régions rurales ne souffrent pas de la disparition de leur gagne-pain?» s’est-il demandé, faisant référence aux États ruraux américains qui produisent du charbon.
Si la conférence sonne comme une sorte de testament politique, les deux anciens élus ont évité d’aborder des sujets plus négatifs, comme l’affaire de M. Clinton avec Monica Lewinsky (qui s’est retrouvée au cœur de certains débats à l’heure de #MeToo) ou le fait que Mme Clinton ait, lorsqu’elle siégeait au Sénat, voté «oui» à l’intervention américaine en Irak en 2003, conflit qui a fait plus de 700 000 morts.
Autant Bill qu’Hillary ont toutefois pu rappeler leurs moments forts alors que M. Clinton s’est remémoré la signature d’une loi bannissant les armes d’assaut pendant 10 ans et que Mme Clinton a pu détailler les préparatifs menant à la mort d’Oussama ben Laden alors qu’elle était dans le gouvernement Obama.