Montréal interdira les calèches à partir de 2020
Les jours de calèches à Montréal sont comptés. La Ville a présenté jeudi un projet de règlement qui vise à interdire toutes les activités des calèches à partir du 31 décembre 2019.
«2019 sera la dernière année de la calèche à Montréal», a lancé le responsable des dossiers animaliers au sein de l’administration, Craig Sauvé.
La municipalité explique cette décision par les nombreuses plaintes déposées ces dernières années contre les caléchiers, notamment pour rapporter des événements où des chevaux ont été maltraités ou se sont blessés. «Malgré de l’encadrement et la règlementation, le constat est clair: des incidents malheureux en lien avec des calèches ont continué à survenir», a fait été M. Sauvé.
Dans les deux dernières années, la Ville de Montréal a donné 14 constats d’infraction «pour des raisons de santé du cheval ou pour l’état de la calèche». Au total, il y a 24 permis d’exploitant de calèches à Montréal.
Le nouveau règlement sur les véhicules hippomobiles interdira carrément l’exercice d’un «commerce de transport de personnes au moyen d’une calèche, d’un traîneau ou d’une carriole».
Le délai du 31 décembre 2019 a été choisi pour donner le temps aux «exploitants d’ajuster leurs activités».
En 2016, le maire Denis Coderre avait tenté d’imposer un moratoire sur l’utilisation des calèches, mais il avait été rappelé à l’ordre par la Cour supérieure, qui avait donné raison aux caléchiers dans leur contestation du règlement municipal. Puis, en août dernier, un autre règlement encadrant l’utilisation des calèches avait été adopté par le conseil municipal. Il obligeait notamment aux cochers de suivre une formation et interdisait de sortir les chevaux lorsque la température atteint au-delà de 28°C. Des caléchiers avaient également tenté de contester ce dispositions en cour.
Craig Sauvé s’est dit confiant que le nouveau règlement entrera en vigueur, même advenant un recours judiciaire. «Il pourrait y avoir une contestation, mais la dernière fois le juge a donné un jugement qui disait qu’on n’avait pas donné assez de temps. Là, l’interdiction vient après une période de 18 mois. Donc on pense que ça donne assez de temps aux caléchiers pour se retourner», a jugé l’élu du Sud-Ouest.
Le conseiller de Desmarchais-Crawford, Sterling Downey, a ajouté que cette fois, les propriétaires de calèches savent qu’aucun nouveau permis ne sera émis en 2020.
La Société de la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal a salué cette interdiction qui met fin à une «industrie désuète et inhumaine».
«L’annonce de la fin de cette industrie montre à quel point notre rapport aux animaux est en train d’évoluer, s’est réjouie l’avocate au département de défense des animaux de la SPCA, Sophie Gaillard. Ça marque une victoire historique pour nous parce que depuis notre fondation il y a 150 ans on se bat pour le sort des chevaux de calèche.»
Mme Gaillard a ajouté que la prochaine étape est de s’assurer que les chevaux ne finissant pas à l’abattoir. «On est prêts à travailler fort pour trouver des foyers pour ces chevaux. On a déjà pu placer dans le passé certains chevaux de calèche qui nous avaient été donnés par leur propriétaire et on a un réseau assez gros pour trouver des foyers pour tous les chevaux», a-t-elle avancé.