Montréal veut mieux protéger les données personnelles des citoyens
La Ville de Montréal va encadrer l’utilisation des données personnelles de ses citoyens, promet François Croteau, responsable des technologies de l’information.
En plein scandale de l’utilisation à des fins politiques de données de 50 millions de personnes tirées de Facebook par la firme britannique Cambridge Analytica, M. Croteau a fait part de sa préoccupation de voir les données des Montréalais être utilisées autrement que pour le «bien commun». «Le cas de Facebook soulève plusieurs questions en matière de confidentialité et d’éthique», a-t-il affirmé à Métro jeudi lors de la soirée d’ouverture du Printemps numérique, une activité qui se tient à Montréal jusqu’au 21 juin et qui vise à «dynamiser la créativité numérique».
Pour François Croteau, également maire de Rosemont–La Petite-Patrie, le moment est venu d’établir des normes éthiques pour s’assurer que les données qui seront récoltées – en quantité industrielle au cours des prochaines années – soient utilisées à bon escient. «On veut pouvoir bénéficier collectivement de ces technologies et non pas être des victimes, a-t-il précisé. On travaille sur des normes de base, et lorsqu’on ira en appel d’offres, ces normes-là seront intégrées aux contrats pour exiger la protection de la vie privée des citoyens», a-t-il assuré.
«Les citoyens ont raison d’avoir peur.» – François Croteau, responsable des technologies de l’information au comité exécutif de la Ville de Montréal, au sujet de l’utilisation des données par Facebook
Quant à l’utilisation de données personnelles par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), M. Croteau souligne que les citoyens «n’ont pas à s’inquiéter». «Il y a un encadrement très strict, les normes sont très claires au SPVM et les données sont confidentielles», a-t-il insisté.
Le directeur du Printemps numérique, Mehdi Benboubakeur, croit que le temps presse pour se préparer aux nouveaux défis du numérique. «On fait maintenant affaire avec des algorithmes qui peuvent évoluer, il y a cet enjeu de vitesse qui fait en sorte qu’on n’est pas préparés», a-t-il dit.
D’un autre côté, M. Benboubakeur affirme que les technologies de l’information comme l’intelligence artificielle ne représentent pas que des menaces. «Le numérique, c’est un outil, il faut l’utiliser de la bonne façon, nuance-t-il. Il faut être fier de ce qui se passe à Montréal. Travaillons sur l’économie du savoir.»
François Croteau a l’intention de connecter les infrastructures de Montréal à «l’internet des objets», c’est-à-dire les échanges de données provenant de dispositifs du monde réel. «Au moment où l’ensemble du mobilier urbain va être connecté sur la fibre optique, sur le Wi-Fi, avec des capteurs, on va être capables de générer des millions et des millions de données quotidiennement», données qui seront à leur tour accessibles au grand public, dit-il.
Mais pas question, selon lui, de mettre en danger la vie personnelle des gens. «On ne veut pas devenir Big Brother, illustre-t-il. On veut s’assurer que nous, la Ville et les gouvernements, on puisse encadrer correctement les pratiques.»