L’ancien site de l’Hôpital de Montréal pour enfants aura droit à une nouvelle vie. Devimco Inmobilier propose d’y ériger six tours de 20 à 32 étages, qui abriteront un centre communautaire, un hôtel, des commerces, ainsi que des logements.
Les plans préliminaires de ce projet mixte qui seront soumis lundi au conseil municipal ont été dévoilés jeudi. Ils prévoient la démolition du bâtiment de l’ancien hôpital vendu par le gouvernement du Québec à la suite du déménagement de l’Hôpital de Montréal pour enfants sur le nouveau site du Centre universitaire de santé McGill.
Devimco Immobilier a indiqué avoir tenté de sauvegarder l’ancien hôpital. «Mais on se ramassait avec un résultat final qui était n’importe quoi, a dit son président, Serge Goulet. On a décidé de repartir à zéro avec un bâtiment plus moderne pour permettre de rouvrir des points de vue d’ensoleillement et de donner plus de fluidité au site.»
Seule la maison des infirmières, qui se trouve au coin de l’avenue Atwater et du boulevard René-Lévesque, sera préservée. Sa nouvelle vocation n’est pas encore décidée. «Le site sera restauré au complet selon les règles de l’art, a insisté M. Goulet. Il faut y voir là notre volonté de respecter la mémoire de ce site riche en histoire.»
Pas moins de 1400 logements seront construits sur le site qui est aussi bordé par les rues Sussex et Tupper. De ce nombre, près du quart seront des condominiums et environ 15%, des logements sociaux pour les familles et les personnes âgées, comme le demande la Stratégie d’inclusion de logements sociaux abordables de la Ville de Montréal. Des logements de près de 900 pieds carrés seront réservés à des familles.
Entre les tours, des espaces verts seront aménagés, avec notamment l’agrandissement de la place Henri-Dunant. Ils couvriront jusqu’à 30% de la superficie du site. Cette proportion pourrait être révisée à la baisse avec la construction d’une école de 18 ou 21 classes sur la rue Tupper. Des discussions sont présentement en cours avec la Commission scolaire de Montréal.
«Actuellement, on a le Children’s Hospital qui est un bloc relativement massif et qui oblige les gens à contourner cet espace, a expliqué un collaborateur de Devimco Immobilier, Brian Fahey. Les gens vont pouvoir traverser de Sussex jusqu’à Atwater et de Tupper jusqu’à René-Lévesque, ce qui fera en sorte de désenclaver ce quadrilatère.»
Au coin de la rue Sussex et du boulevard René-Lévesque, s’élèvera le centre communautaire Peter-McGill. Celui-ci comprendra une salle de spectacle, une bibliothèque et des espaces polyvalents.
Si le projet instigué par Devimco Immobilier obtient l’aval des élus montréalais, les travaux de démolition et de décontamination commenceront dès l’an prochain. Ils s’étendront sur une période allant de cinq à sept ans.
L’administration du maire Coderre appuie le projet qui a été présenté par Devimco Immobilier. «À ce stade-ci, on est assez confortable de le soumettre au conseil municipal et à l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM)», a indiqué le responsable de l’habitation, Russell Copeman. Avec son collègue responsable du centre-ville, Richard Bergeron, il a expliqué que la Ville tenait à ce que le projet comprenne une mixité d’habitation, un centre communautaire et une bibliothèque. «Le fait qu’il aille à l’OCPM témoigne des possibilités qui subsistent d’amélioration du projet», a dit M. Bergeron.
Projet Montréal a pour sa part quelques réserves sur ce projet. Sa nouvelle cheffe, Valérie Plante, a salué l’idée de construire un centre communautaire, mais elle a déploré l’exiguïté des logements prévus pour les familles. «On rate le bateau, a-t-elle dit. Il a été dit et redit, avec la Stratégie du centre-ville, que la Ville s’engage à avoir des logements de grande taille pour garder les familles. [Avec ce projet], les familles vont venir, vont avoir un enfant et vont peut-être déménager en en banlieue.»
Mme Plante a également été très critique à l’idée de démolir le bâtiment principal de l’ancien hôpital. «Je suis très déçue, a-t-elle dit. Il n’y aura plus la belle cheminée ou le bâtiment de briques rouges avec des éléments art déco. On efface le patrimoine modeste qui nous sert de référence visuelle et historique.»
Héritage Montréal a manifesté la même déception. «On comprend que tout n’est pas recyclable, mais c’est invraisemblable la densité», a dit le directeurs des politiques de l’organisme, Dinu Bumbaru. Ce dernier a remis en question les critères de vente des bâtiments publics et la stratégie de développement du centre-ville. «On fait de l’urbanisme très chiffré, a-t-il souligné. Les espaces publics devrait être une forme d’architecture urbaine avant d’arriver avec les quantités.»