C’est un débat qui en aura laissé plus d’un sur sa faim qui a eu lieu mardi soir à HEC Montréal autour des enjeux des Premières Nations. Les candidats des quatre principaux partis étaient présents, mais les conservateurs manquaient à l’appel. Le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador (APNQL), Ghislain Picard, n’a pas été surpris par les discours des candidats et de leurs positionnements.
Les quatre candidats se sont vu poser à tour de rôle des questions portant sur les enjeux qui touchent directement les Premières Nations du Québec. Que ce soit au sujet de la gouvernance et de l’autodétermination sur la question des territoires, des ressources et de l’économique en passant par la santé et l’éducation, rien n’a été laissé de côté sans oublié la protection des langues et de la culture autochtones.
Les réponses des candidats ont pourtant manqué à certains moments de fond. L’ensemble des candidats prônaient un désir de travailler de «nation à nation» dans les différents enjeux avec les Premières Nations. Faisant référence à plusieurs reprises à la «Paix des braves», ils n’ont pas réussir à convaincre l’auditoire.
«Ce soir, tout le monde a parlé de la relation de nation à nation. Mais il n’y a personne qui l’exerce», explique le Chef Ghislain Picard. «Tout ce qui a été contourné finalement c’est comment on se donne les conditions pour qu’il existe une véritable relation politique entre les Premières Nations et le Québec.»
Trois partis sur quatre se sont positionnés en faveur de la tenue d’une commission parlementaire spéciale. Ce n’est pas le cas du candidat caquiste Ian Lafrenière. Celui-ci a dit vouloir avancer «au cas par cas» en réglant les choses «où c’est possible de régler».
Des questions sans réponses
De nombreuses questions posées lors du débat restent sans réponses pour le Chef Ghislain Picard. Les candidats ont expliqué vouloir donner plus de pouvoirs et d’autonomie aux communautés. Ces réponses ne lui ont pas suffi.
«Ce que j’ai entendu [des candidats], c’est que oui, notre gouvernement est prêt à fournir plus de pouvoir et plus d’autonomie. Ce n’est pas ce que nous voulons. Nous voulons une autonomie totale.»
Ghislain Picard
Aucun mot n’a été prononcé pendant le débat sur l’itinérance qui touche pourtant de nombreuses personnes autochtones, notamment à Montréal. La question de la reconnaissance du racisme systémique n’aura cependant pas échappé au débat.
Alors que le candidat péquiste, Alexis Gagné-Lebrun a préféré utiliser le terme «racisme institutionnel», le libéral Greg Kelly et la solidaire Manon Massé se sont entendu pour reconnaître la présence de racisme systémique au Québec. Et ce, à défaut du caquiste Lafrenière campé sur ses positions. Ce dernier ne s’est pas vraiment prononcé sur l’application du principe de Joyce alors que les autres candidats étaient en faveur.
C’est important qu’on puisse continuer de mettre les partis au défi pour que les enjeux autochtones n’ait pas été juste finalement une façon de mettre au repos notre conscience le temps d’un débat. […] Ça, on a vu ça trop souvent.
Ghislain Picard, Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador.
Ian Lafrenière a dû aussi essuyer les tirs au sujet de la loi 21 et du projet de loi 96. Ce dernier s’est dit ouvert à trouver des solutions avec les communautés par rapport aux enjeux soulevés par ces lois.
«On est satisfait surtout qu’on ait réussi à percer au travers d’une campagne qui jusqu’à maintenant évacuait complètement les enjeux qui nous intéressent comme Premières Nations», explique le Chef Picard.
Le Parti conservateur du Québec (PCQ) n’était pas présent lors du débat. Bien qu’invité au même moment que les autres, ce n’est que la veille du débat qu’il a donné signe de vie, affirment les organisateurs. Ils auraient demandé de participer virtuellement, ce qui fut refusé.