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Les Mères mohawks demandent la protection des potentielles tombes anonymes

Les Mères Mohawks devant le palais de justice de Montréal, accompagnées d'orphelins de Duplessis et de Lana Ponting, une survivante du programme MK-Ultra.

Les Mères mohawks devant le palais de justice de Montréal, accompagnées d'orphelins de Duplessis et de Lana Ponting, une survivante du programme MK-Ultra.

À la suite de la récente découverte de potentiels restes humains par des chiens détecteurs sur le terrain de l’ancien hôpital Royal Victoria à Montréal, le groupe revendicateur des Mères mohawks demande au gouvernement du Québec et à l’Université McGill de prendre les mêmes précautions que celles prises sur d’autres sites similaires au pays pour protéger toutes les possibles sépultures anonymes.

«Nous croyons savoir que plusieurs autres institutions au Québec pourraient contenir des tombes non marquées de nos enfants, non seulement dans les pensionnats indiens ou les hôpitaux, mais aussi dans d’anciens sanatoriums, orphelinats et maisons de correction», a déclaré Kwetiio, l’une des mères mohawks.

Les Mères mohawks ont fait une liste regroupant plus de 200 institutions où pourraient se trouver des restes humains, selon elles. On y retrouve notamment des établissements montréalais, mais aussi d’ailleurs au Québec.

Le 9 juin dernier, trois chiens formés pour détecter seulement les restes humains et pour ignorer l’odeur des animaux ou d’humains vivants ont reniflé de manière indépendante au même endroit devant le pavillon Hersey de l’hôpital Royal Victoria.

En vertu d’un accord conclu devant les tribunaux, la première injonction accordée à un peuple autochtone autoreprésenté, des fouilles archéologiques ont été entamées sur le site afin de retrouver d’éventuelles tombes anonymes issues des atrocités commises au cours du programme MK-Ultra, entre 1954 et 1963, par la CIA et le Canada.

Demande d’arrêt des travaux

Ainsi, les travaux d’excavation du projet «Nouveau Vic» de McGill dans l’ancien hôpital Royal Victoria ont été interrompus. Les Mères mohawks croient que les restes humains auraient probablement été détruits par les travaux de construction si elles n’étaient pas intervenues en faisant appel aux tribunaux.

Le groupe demande également à l’Université McGill et au Centre universitaire de santé McGill d’interrompre les travaux d’excavation et les plans de rénovation à grande échelle des hôpitaux et des centres de recherche médicale qui pourraient contenir des tombes d’enfants autochtones et non autochtones ayant servi de sujets de test dans le passé. Cela inclut non seulement les terrains de l’hôpital Royal Victoria et de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, mais aussi son campus principal au centre-ville de Montréal, où des maisons longues et des sépultures iroquoiennes ont été découvertes à plusieurs reprises, notamment à l’intersection des rues Peel et Sherbrooke en 2018.

De son côté, le Centre universitaire de santé McGill dirige Métro vers la Société québécoise des infrastructures (SQI) pour toute demande d’information.

Un site protégé par la SQI

Appelée à réagir, la SQI, responsable du site du Royal Victoria, rappelle que des mesures de sécurité ont été mises en place pour protéger l’accès à la zone d’intérêt.

La SQI a procédé à la première étape des vérifications archéologiques qui sont prévues sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria. «Cette première étape impliquant la présence de chiens renifleurs a permis d’identifier une zone d’intérêt sur laquelle nous allons nous attarder dans une 2e étape qui impliquera l’utilisation d’un géoradar. Pour le moment, rien ne permet de confirmer ou d’infirmer la présence de sépultures», indique la direction des communications par courriel.

La SQI assure que la procédure entourant les vérifications archéologiques est encadrée par un panel d’archéologues nommé dans le cadre de l’entente avec les Mères mohawks. «Par ailleurs, l’entente prévoit que des moniteurs culturels autochtones nommés par les Mères mohawks peuvent être présents pendant l’exécution des techniques archéologiques. Conformément à l’entente, les Mères mohawks sont régulièrement informées de la mise en œuvre des techniques archéologiques», ajoute-t-on.

De leur côté, les Mères mohawks disent avoir été «choquées d’apprendre que l’Université McGill avait lancé des inventaires archéologiques à grande échelle à côté de la bibliothèque McLennan» sans qu’elles en aient été informées. «L’Université McGill n’a pas précisé si des observateurs autochtones et des spécialistes des sépultures humaines étaient présents sur le site archéologique», indique le groupe dans un communiqué.

Autres inquiétudes des Mères mohawks

Par ailleurs, les Mères mohawks s’inquiètent du fait que Québec ne reconnaisse pas ses responsabilités «en ce qui concerne les abus généralisés commis au siècle dernier sur des enfants autochtones et non autochtones, tels que les orphelins de Duplessis».

Elles ont récemment demandé au gouvernement et au CIUSSS de suspendre la vente de l’hôpital de la Miséricorde, une ancienne maison pour mères célibataires, afin qu’une enquête soit menée pour déterminer si des restes humains se trouvent sur le site. Une réunion avec le CIUSSS pour discuter de cette demande aura lieu à Kahnawake le 6 juillet 2023.

«Mais nous ne pouvons pas courir après le gouvernement tout le temps pour nous assurer qu’aucun de ces sites où la cruauté médicale s’est produite n’est profané ou vendu pour se débarrasser d’eux et des terribles preuves du passé qu’ils contiennent», dit Kahentinetha, des Mères mohawks, qui croit que le même type d’accord et d’enquête qui ont résulté de l’affaire de l’hôpital Royal Victoria devrait être préconisé pour tous les autres sites similaires.

Le cabinet du ministre québécois des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, n’a pas répondu aux questions de Métro, qu’il a dirigé vers la SQI «puisque le dossier relève directement de l’organisme». Le ministre suit le dossier de près, assure toutefois le cabinet.

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