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Il y aurait vraiment des restes humains (sûrement autochtones) en plein cœur de Montréal

L'ancien Hôpital Royal Victoria, à Montréal.

L'ancien hôpital Royal Victoria, à Montréal.

Il y aurait vraiment des restes humains – probablement ceux d’enfants autochtones – en plein cœur de Montréal. Alors que des fouilles archéologiques ont été entamées sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria en vertu d’un accord conclu devant les tribunaux, des chiens renifleurs pourraient avoir fait la macabre découverte. Une trouvaille qui serait sans précédent au Québec.

Les inquiétudes des Mères mohawks étaient donc probablement fondées. Cela fait près de deux ans que ce groupe formé de six aînées autochtones se bat pour que le terrain entourant l’Institut Allan Memorial fasse l’objet de fouilles afin de retrouver d’éventuelles tombes anonymes issues des atrocités commises au cours du programme MK-Ultra, entre 1954 et 1963, par la CIA et le Canada.

Une découverte «très probable»

Le 9 juin dernier, trois chiens formés pour détecter seulement les restes humains et pour ignorer l’odeur des animaux ou d’humains vivants ont reniflé de manière indépendante au même endroit, soit devant le pavillon Hersey de l’hôpital Royal Victoria, explique l’anthropologue et traducteur des Mères Mohawks, Philippe Blouin.

Lors de l’audience du 29 juin, durant laquelle le développement des fouilles en cours a été abordé, les deux parties se sont entendues pour dire que les chiens avaient «réagi de manière irrégulière» et donc qu’il était «très probable» qu’il s’agissent de corps enterrés à cet endroit.

La Société québécoise des Infrastructures (SQI), propriétaire du site, compte s’attarder sur cette zone d’intérêt lors d’une deuxième étape qui impliquera l’utilisation d’un géo radar. «Pour le moment, rien ne permet de confirmer ou d’infirmer la présence de sépultures», indique le directeur des communications de la SQI, Nicolas Murgia.

Un long combat

En octobre 2021, peu de temps après la découverte des restes de 215 enfants autochtones à Kamloops, en Colombie-Britannique, les Mères mohawks avaient demandé la suspension des travaux menés sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria et de l’Institut Allan Memorial pour la construction du projet «Nouveau Vic» par l’Université McGill. Et en avril dernier, elles ont finalement obtenu gain de cause devant les tribunaux.

L’entente homologuée par la cour prévoyait le début immédiat des fouilles archéologiques sur le site. C’est dans la «zone prioritaire», où McGill voulait commencer les travaux d’excavation pour son projet, que les restes humains ont été localisés par les chiens renifleurs spécialisés. «C’est exactement la zone où McGill avait commencé des travaux d’excavation archéologique, pendant le procès en octobre 2022, en disant qu’il n’y avait rien», souligne Philippe Blouin.

Enjeux de sécurité

Lors de l’audience du 29 juin, les Mères mohawks ont soulevé plusieurs enjeux concernant la sécurité du site de fouilles. «À ce moment-ci, le public peut accéder librement au lieu. On sait qu’à Kamloops, il y a eu des négationnistes qui ont tenté de se rendre avec des pelles pour tenter de voir s’il y avait bel et bien vraiment des corps», explique M. Blouin.

Selon les Mères mohawks, c’est aussi un problème que le Centre universitaire de santé McGill ainsi que la Société québécoise des infrastructures supervisent toujours l’endroit. Elles demandent que «l’enquête soit menée par les Autochtones comme ça se fait dans les sites d’écoles résidentielles», indique Philippe Blouin.

Selon l’avocat de McGill, Doug Mitchell, c’est tout de même l’université qui devrait continuer d’assurer la sécurité du site, car leurs équipes possèdent l’équipement nécessaire.

Nicolas Murgia de la SQI souligne que la procédure entourant les vérifications archéologiques est encadrée par un panel d’archéologues nommé dans le cadre de l’entente avec les Mères mohawks. «Par ailleurs, l’entente prévoit que des moniteurs culturels autochtones nommés par les Mères mohawks peuvent être présents pendant l’exécution des techniques archéologiques. Conformément à l’entente, les Mères mohawks sont régulièrement informées de la mise en œuvre des techniques archéologiques», ajoute-t-il.

Accès aux archives

L’entente conclue prévoyait également un accès aux documents d’archives de McGill pour les Mères mohawks. Or, le groupe de revendication rapporte encore des problèmes à ce niveau.

De son côté, l’université McGill soutient qu’il faut deux à trois ans aux archives canadiennes pour traiter ce genre de dossier au volume aussi important, mais que la demande doit être traitée en priorité et que cela pourrait prendre quelques mois.

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