Autrement appelées «contenants à remplissages multiples» (CRM), les bouteilles de bière en verre, pourtant si économiques et écologiques, sont vouées à disparaître si le gouvernement ne leur fait pas une plus grande place dans sa réforme des consignes, craint Équiterre.
L’organisme sans but lucratif (OSBL) demande au gouvernement de soutenir les producteurs locaux afin de leur permettre d’utiliser des CRM pour l’embouteillage.
Il propose ainsi la mise en place d’un programme de financement visant à aider les producteurs locaux qui souhaitent développer des systèmes de contenants réutilisables, que ce soit dans la filière laitière, des cidres, des spiritueux ou des jus et autres boissons.
Des producteurs locaux, comme certaines laiteries, emboîtent le pas, mais pour passer à une autre échelle, ça prend un soutien de l’État et des conditions facilitantes dans l’implantation de la nouvelle consigne.
Amélie Côté, analyste en réduction à la source chez Équiterre
«Les bonnes vieilles bouteilles de bière en verre pourraient bien disparaître dans les prochaines années», alarme l’organisme québécois sans but lucratif, qui juge que le gouvernement doit s’engager à préserver ce système «aux avantages écologiques et économiques éprouvés».
Les bouteilles de verres meilleures pour l’environnement
La classique canette d’aluminium, lorsque consignée, doit être recyclée puis reproduite après chaque utilisation. Cette solution, selon Équiterre, est «bien moins écologique» que la réutilisation des 7 modèles de CRM sujette aux ententes officielles de consigne avec l’industrie brassicole. La même bouteille peut simplement être réutilisée 10 à 25 fois, produisant ainsi beaucoup moins de gaz à effet de serre que le transport et le recyclage des canettes.
Pourtant, la proportion de bière embouteillée dans des CRM, ou bouteilles de verre est en chute libre au Québec depuis 2009. À l’époque, 85% de la production était embouteillée dans ces contenants en vitre. En 2017, cette proportion a chuté à 32%, pour descendre à 15% seulement en 2022.
Le 30 janvier 2020, Québec annonçait aller de l’avant avec l’élargissement de la consigne. Cette initiative devrait être mise en place progressivement dès le premier novembre 2023. Selon Équiterre, il s’agirait de «l’occasion parfaite» pour développer de nouveaux contenants à remplissages multiples.
La canette plus populaire malgré tout
Bien que la bouteille soit plus écologique, c’est la canette d’aluminium qui a conquis le cœur des consommateurs, dit Recyc-Québec, l’organisme gouvernemental au cœur de la réforme des consignes: plus facile à entreposer, moins de risque de bris et c’est souvent le contenant permis lors de la tenue d’évènements.
Mais Recyc-Québec se fait rassurant. Malgré le faible pourcentage de bouteilles de verre utilisées, il n’en demeure pas moins que 100 millions de ce type de contenant sont en circulation au Québec. Et «l’ensemble des brasseurs […] ont confirmé leur intention de maintenir le réseau de bouteilles réutilisables».
L’arrivée de nombreuses bières importées contribuerait également à la diminution de l’embouteillage en CRM. C’est l’industrie brassicole à qui revient la responsabilité de l’élaboration et de la mise en œuvre des ententes privées permettant la gestion des CRM, afin qu’ils soient «relaver et réutiliser un minimum de 10 fois avant d’être recyclés».
L’Association des brasseurs du Québec n’a pas donné suite à nos demandes d’entrevues.
L’organisme assure que «diverses options sont actuellement regardées afin de favoriser leur utilisation». Un comité a également été mis en place afin d’assurer la transition du CRM dans le système de consigne élargie.