Dans le même esprit que pour le tabac, Éduc’alcool considère que l’affichage d’étiquettes rappelant le nombre limite de verres d’alcool recommandé par semaine pourrait aider la population à mieux prendre conscience de sa consommation hebdomadaire et, par conséquent, potentiellement la réduire. L’étude du Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS) publiée le mardi 17 janvier dernier suggère de rendre cette pratique obligatoire.
Des comportements plus éclairés
«Chez les microbrasseurs par exemple, il y a toute une gamme de produits avec des pourcentages d’alcool pouvant aller de 3% jusqu’à 9%, affirme la directrice générale d’Éduc’alcool, Geneviève Desautels. C’est difficile pour le consommateur de se donner des repères. Cela serait plus simple d’indiquer le nombre de verres par bouteille ou canette pour que les consommateurs fassent des choix plus éclairés.»
Elle tient à rappeler que la mission de l’organisme est de renseigner la population en fonction des recommandations de Santé Canada pour l’aider à déterminer le niveau de risque tolérable lors de la consommation d’alcool. Éduc’alcool axera donc sa sensibilisation en fonction de ces nouveaux repères.
«Cette nouvelle étude change les perspectives. À moins que l’on s’abstienne entièrement de boire de l’alcool, il y a toujours un risque pour la santé. C’est comme lorsque nous conduisons: il y a toujours des risques quand on prend le volant, mais il y en a davantage lorsque nous conduisons vite, avec facultés affaiblies ou dans des conditions dangereuses.»
Le Canada, futur pays le plus sévère dans ses recommandations?
L’étiquetage fait débat actuellement dans la communauté scientifique puisqu’il n’y a toujours pas d’efficacité démontrée dans l’impact sur la consommation. Cependant, Éduc’alcool se fiera aux normes et règlements appliqués par le gouvernement canadien si ce dernier impose l’étiquetage sur les produits alcoolisés.
«Je serais très surprise que le Canada n’entérine pas les recommandations de la nouvelle étude. On deviendrait le pays le plus restrictif dans nos repères de consommation à faible risque, mais après tout, il serait étrange qu’Éduc’alcool sensibilise la population avec des normes établies ailleurs comme aux États-Unis ou en Australie plutôt que par Santé Canada. Notre organisation continuera de sensibiliser par rapport aux standards fédéraux adoptés par le Québec.»
Bien que l’étiquetage obligatoire par rapport aux risques liés à la consommation d’alcool sur les produits alcoolisés n’existe pas au Québec, les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon ont déjà essayé des étiquettes de mise en garde à propos de la consommation d’alcool au cours de la grossesse et/ou d’autres risques pour la santé dans le cadre de l’expérience scientifique Northern Territories Alcohol Labels Study qui a publié ses résultats en 2020.
«On ne peut plus dire qu’un verre de vin est bon pour le cœur»
Le médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive pour l’Institut national de santé publique du Québec Réal Morin est d’avis que l’étiquetage peut aider à informer la population afin que celle-ci consomme moins d’alcool, comme le suggère l’étude du CCDUS.
«C’est l’invitation qui est faite à tout le monde: au regard des données scientifiques sur les maladies et sur la reconnaissance des dommages sur la santé, on ne peut plus dire qu’un verre de vin est bon pour le cœur, par exemple. Il n’y a plus de bénéfice pour la santé qui est reconnu avec l’alcool, même les petites consommations sont néfastes. En voyant les chiffres sur les bouteilles, les gens vont faire leurs choix dans une perspective de boire moins.»