Face au manque d’attention portée aux victimes de violences sexuelles en contexte scolaire par les différentes formations politiques lors de la campagne électorale, le collectif La voix des jeunes compte profitera du débat de ce soir pour réitérer l’importance d’adopter une loi à ce sujet.
En mai dernier, un enseignant au primaire à Montréal-Nord était arrêté pour agression sexuelle sur une mineur. Selon Kenza, membre du collectif, il s’agit d’un énième témoignage de la négligence de la classe dirigeante et du peu de crédibilité que celle-ci accorde aux jeunes victimes de violences sexuelles.
«On sent un manque d’intérêt de la part des élus. Il n’y a toujours pas de «safe space » pour que les jeunes puissent se confier lorsqu’ils sont victimes de violences sexuelles et il y a présentement un ratio d’une sexologue pour mille élèves. Il manque de ressources partout à l’intérieur des écoles pour que les jeunes puissent se sentir soutenus et à l’aise de parler de ce qu’ils ont vécu», soutient Kenza.
Elle critique le manque d’éducation sexuelle et la qualité de cet enseignement lorsqu’il est donné. C’est notamment le cas pour le concept du consentement, qui serait mal transmis, ce qui vulnérabiliserait les jeunes lorsqu’il est temps de parler et de dénoncer, selon le collectif.
Un formulaire en ligne pour dénoncer
La membre de La voix des jeunes compte précise au passage que la Coalition avenir Québec (CAQ) a refusé une proposition de projet de loi du collectif. Celui-ci mettait de l’avant un meilleur encadrement des écoles primaires et secondaires sur le plan de la gestion et de l’aide apportée aux victimes, priorisant d’autres approches.
Kenza milite afin de faire avancer ce dossier. Elle rappelle que 55% des victimes de violences sexuelles sont mineures et qu’il y a urgence d’adopter officiellement une loi visant les violences sexuelles à l’école.
«À la place, le ministre de l’Éducation a mis en place un programme en ligne appelé Le protecteur de l’élève, qui est un gestionnaire de formulaires de plaintes remplies par les victimes. Nous sommes [plutôt] dans une approche d’aide humaine fondée sur l’écoute et un formulaire en ligne est déshumanisant en plus d’être insuffisant», plaide Kenza.
Le collectif s’invite au débat des chefs
Le manque d’actions politiques concrètes pour faire des violences sexuelles une priorité est ce qui a motivé le collectif à accroître la visibilité de sa mission en faisant une marche symbolique la soirée du débat des chefs.
Les jeunes ne sont pas pris au sérieux. Pour jeudi, on veut sonner l’alarme sur le fait que les partis politiques ne veulent pas aborder ce sujet comme un enjeu électoral important, notamment absent du volet éducation. C’est notre chance de tout donner et s’ils n’en parlent pas, c’est qu’ils ferment les yeux.
Kenza, membre du collectif La voix des jeunes compte
La marche de jeudi débutera à la BAnQ du Vieux-Montréal à 17h45 et se terminera à 18h devant les locaux de Radio-Canada. Une dizaine de jeunes femmes seront présentes et munies d’affiches pour rappeler la raison d’être du collectif et envoyer le message aux différents chefs de partis que «c’est aux adultes d’effectuer le travail et de faire bouger les choses pour la sécurité des jeunes».