Les absents ont toujours tort. François Legault avait décliné l’invitation de l’Institut du Nouveau Monde et du quotidien Le Devoir à participer ce vendredi à l’événement Dialogue jeunesse. Pendant près de deux heures, à l’exception du chef de la Coalition avenir Québec, les dirigeants des principales formations politiques du Québec ont répondu à des questions préparées par de jeunes étudiants, ce 19 août.
Dominique Anglade (Parti libéral du Québec), Gabriel Nadeau-Dubois (Québec solidaire), Paul St-Pierre Plamondon (Parti québécois) et Éric Duhaime (Parti conservateur du Québec) ont ainsi donné un aperçu de ce à quoi va ressembler la campagne électorale. Et ils ont profité de l’absence du premier ministre sortant pour critiquer son bilan.
«M. Legault est un comptable. Il a fait un calcul: ça ne comptait pas vraiment de venir débattre avec les jeunes», a lancé Gabriel Nadeau-Dubois dans son mot d’introduction. Plus tard au cours de la soirée, et sur tous les thèmes abordés, il était accusé d’avoir créé de la division au sein de la société québécoise, notamment en raison de ses positionnements sur l’identité, mais aussi de sa gestion de la crise sanitaire.
«On a fait des calculs et voté pour Legault, on a été amèrement déçu», a également souligné Éric Duhaime.
Les 18-35 ans comptent pour environ 1,5 million d’habitants au Québec. Ils représentent un tiers de la population en âge de voter. Les jeunes présents à l’événement ont invité les candidats à se positionner sur des sujets variés. Rouyn-Noranda, l’accès à la propriété, la pénurie de main-d’œuvre: l’actualité s’est invitée au sein des débats.
Les questions étaient tirées au sort pour chacun des candidats. Si celles-ci portaient sur des enjeux divers, nombre d’entre elles ont placé l’environnement au cœur des discussions.
L’environnement au cœur des préoccupations des jeunes
Dominique Anglade a présenté la lutte contre le changement climatique comme l’enjeu du 21e siècle. Pour cela, et la cheffe du PLQ l’a martelé toute la soirée, la solution, c’est son projet ÉCO. Elle estime que pour se passer des hydrocarbures, il faudra notamment mener un grand chantier d’électrification. Mme Anglade souhaite par ailleurs que l’environnement ne soit pas la responsabilité d’un ministère, mais que la responsabilité de celui-ci incombe à la première ministre. «Si je suis élue, j’en serai responsable», a-t-elle affirmé.
«S’il y a un cynisme [des électeurs], c’est qu’on a trop menti sur des cibles», pense le dirigeant du PCQ, Éric Duhaime. Ce dernier compte s’inspirer de la Norvège, et croit que «le Québec pourrait exploiter ses propres ressources». Une référence à l’exploitation du gaz de schiste. Il s’agirait, selon lui, d’éviter de faire venir des hydrocarbures de l’étranger.
Paul St-Pierre Plamondon n’a pas encore présenté les mesures qu’il compte mettre en place s’il devenait le nouveau chef de gouvernement. Mais le leader péquiste a cependant indiqué vouloir investir massivement dans l’offre de transport collectif. Et de promettre un plan «rigoureux qui va être à la hauteur». «On doit additionner nos forces, c’est notre dernière chance et on en est capable», a-t-il exprimé, appelant à l’alliance des partis sur la question environnementale.
Finalement, Gabriel Nadeau-Dubois a promis une loi climat comme première mesure d’un gouvernement QS. «Ce ne sera pas des sacrifices, ce sera des choses qu’on va gagner. Une meilleure qualité de vie, moins de temps dans nos chars, plus de temps avec les gens qu’on aime», a-t-il affirmé comme un slogan.
Comment faire venir les électeurs aux urnes?
Aux élections générales de 2018, le taux de participation des 18-35 ans était de 53%, soit cinq points de moins qu’en 2014. Si les chefs étaient là, devant environ 200 jeunes, c’est parce que les candidats savent que leur vote est précieux. Avec un poids électoral massif, la nouvelle génération représente un important puits de voix à aller chercher.
Paul St-Pierre Plamondon croit que la CAQ de Legault mise sur la division de la société, notamment entre les générations. Sans surprise, celui-ci a soutenu que la solution pour un Québec prospère, «ça passe par l’indépendance». Interrogé à ce sujet par Métro, le chef péquiste dit croire que l’indépendance demeure chère à de nombreux jeunes. «Il suffit de regarder nos candidats: avec 39 ans de moyenne d’âge, on est les plus jeunes.»
Le chef du PCQ, Éric Duhaime, croit lui aussi pouvoir mieux porter la voix de la jeunesse. «On doit représenter tout le monde. On a un premier ministre qui se représente comme un chef de parti», tranche-t-il. Il a plus tard subtilement rappelé qu’il était favorable à une baisse des dépenses de l’État. «Il faut rétablir l’équité avec les générations futures, faut pas empiler les déficits.»
Pour attirer les voix des jeunes, Dominique Anglade s’est vantée d’avoir un programme sur pied depuis longtemps. En attaquant ses adversaires qui n’ont pas déposé leur projet, elle dit l’avoir présenté «en amont car on veut de la transparence». La cheffe libérale souhaite ainsi placer son discours pour la jeunesse dans le registre de l’environnement. Un positionnement semblable à celui de son rival de Québec solidaire, qui en a fait son mantra.
«Notre projet de société, c’est de faire du Québec un pays qui rejoint le club des pays les plus verts au monde.»
Parmi les autres thèmes abordés qui ont suscité des applaudissements dans la salle: l’inclusivité. M. Nadeau-Dubois a insisté sur les relations à renouer avec les peuples autochtones. Il considère notamment que «c’est aux peuples autochtones d’avoir le leadership dans le chemin qui nous mène à la réconciliation».