Budget: Ottawa s’attaque à la pénurie de logements
Ottawa veut faciliter l’accès au logement avec le budget présenté jeudi par la ministre des Finances, Chrystia Freeland. Plusieurs mesures concernent l’accès à la propriété ou aux loyers abordables.
Le budget Freeland prévoit un nouveau fonds de 4 milliards visant la construction de 100 000 nouveaux logements sur cinq ans. Un volet consacré aux logements sociaux recevra aussi 1,5 milliard en deux ans pour bonifier l’offre. Un paiement ponctuel de 500 $ sera offert à tous les individus qui peinent à trouver un logement abordable. Les conditions exactes de cette mesure demeurent toutefois à être définies.
Pour lutter contre la spéculation immobilière, un moratoire de deux ans est lancé pour interdire l’investissement étranger dans le marché immobilier canadien. L’administration Trudeau se laisse aussi la possibilité d’aller plus loin, au besoin.
Un nouveau compte d’épargne libre d’impôt (CELI) qui permet d’éviter de payer de l’impôt sur ses revenus et sur son épargne lors de l’achat d’une première propriété est également mis sur pied.
Une mesure est également ajoutée contre les flips, c’est-à-dire l’achat de propriétés destinées à la revente. Suivant les 12 premiers mois de l’achat d’une propriété, son propriétaire devra payer l’impôt sur tous les profits engendrés.
Mesures insuffisantes
Malgré une pluie de mesures en matière de logement, le budget Freeland laisse le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) sur sa faim. «Le gouvernement Trudeau avait l’occasion de réellement faire progresser le droit au logement, comme il s’est engagé légalement à le faire; il a préféré multiplier les initiatives dont bien peu bénéficieront aux ménages à faibles revenus, qui sont les premières victimes des crises actuelles», se désole la porte-parole Véronique Laflamme.
Le FRAPRU considère que les ressources financières d’Ottawa auraient dû être dirigées vers la construction de logements sociaux sans caractère lucratif.
Le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, considère que son homologue «pose des gestes dans plusieurs dossiers importants». «Mais nous déplorons l’absence d’augmentation des transferts en santé. Notre demande répétée est claire et le gouvernement fédéral doit y répondre le plus rapidement possible», exige-t-il.
Déception partagée
Sur la colline ottavienne, l’opposition dénonce aussi le budget Freeland. Les conservateurs auraient souhaité voir un répit fiscal accordé aux Canadiens, qui doivent composer avec l’inflation. «La situation des Canadiens est pire qu’il y a six ans. Les familles qui luttent pour payer leurs factures sont laissées pour compte. Les familles qui tentent d’acheter une maison sont laissées pour compte», commente la cheffe par intérim Candice Bergen.
Le Bloc québécois qualifie le budget de «centralisateur et arrogant». Celui n’offre «aucune réponse aux crises en matière de financement des soins de santé, de climat et de coût de la vie, en plus de ne pas répondre aux demandes inconditionnelles du parti», estime le chef Yves-François Blanchet. Le parti votera contre son adoption.
Pour sa part, le NPD se réjouit de l’entente signée avec les libéraux, qui lui permet d’«obtenir la couverture des soins dentaires pour les enfants, l’aide pour payer le loyer d’un million de personnes et l’obligation pour les grandes banques de payer leur juste part».