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Les écureuils à la rescousse des astronautes

Photo: Josie Desmarais / Métro

La manière dont les écureuils hibernent sans perdre de la masse musculaire pourrait être utile aux astronautes. C’est ce qu’avance une étude, publiée jeudi dans la revue Science, menée par Matthew Regan, un biologiste de l’Université de Montréal (UdeM).

Les astronautes qui partent dans l’espace font face à un problème commun: la dégradation de leur santé musculaire. C’est la microgravité présente dans l’espace qui est à la base de cette fragilisation musculaire. La micropesanteur supprime le processus de fabrication des protéines musculaires, ce qui engendre une fonte des muscles.

En s’inspirant du processus métabolique des écureuils, Matthew et son équipe proposent une piste de solution à ce problème.

C’est que les écureuils parviennent à se fabriquer naturellement des nouvelles protéines tissulaires tout au long de leur phase d’hibernation. Ainsi, ils ne subissent aucun effet négatif sur leurs muscles, même après leur inactivité prolongée.

En trouvant le moyen de reproduire ce processus chez les humains, les astronautes pourraient avoir une bien meilleure santé musculaire pendant les longs voyages dans l’espace.

L’astuce métabolique des écureuils

Lorsque les écureuils hibernent, leurs microbes intestinaux recyclent l’azote présent dans l’urée, un déchet normalement évacué dans l’urine, et l’utilisent pour fabriquer des protéines tissulaires.

«Comme nous savons quelles protéines musculaires sont supprimées pendant les vols spatiaux, nous pouvons comparer ces protéines avec celles qui sont renforcées par la récupération de l’azote uréique pendant l’hibernation», explique Matthew Regan.

Dans leur étude, Matthew et son équipe ont conçu une série d’expériences pour tenter de comprendre les étapes du processus métabolique des écureuils. Ce processus est présent notamment chez l’écureuil terrestre à treize lignes, une espèce commune en Amérique du Nord.

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Les mécanismes que des mammifères comme l’écureuil à 13 lignes ont naturellement développés pour maintenir l’équilibre protéique dans leurs propres situations de limitation de l’azote peuvent servir de base à des stratégies visant à maximiser la santé d’autres animaux limités en azote, y compris les humains. 

Matthew Regan

Une découverte pour aider les personnes vulnérables

Au-delà de la santé des astronautes, cette découverte pourrait aussi aider d’autres personnes. Des centaines de millions de personnes dans le monde subissent une fragilisation musculaire. C’est notamment le cas des personnes sous-alimentées des pays en voie de développement et des personnes âgées.

Une solution pourrait consister en une pilule que les gens pourraient prendre pour favoriser un microbiome intestinal comme celui des écureuils.

«Ces applications, bien que théoriquement possibles, ne sont toutefois pas sur le point d’être proposées, et beaucoup de travail sera nécessaire pour traduire ce mécanisme naturellement évolué de manière sûre et efficace pour les humains», souligne Matthew Regan.

Le jeune chercheur continue de poursuivre ses études grâce à une subvention de l’Agence spatiale canadienne. Il occupe aussi le poste de professeur adjoint en physiologie animale à l’UdeM.

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