Hier, François Legault a de nouveau refusé de reconnaitre le concept de racisme systémique, comme le recommande le rapport sur la mort de Joyce Echaquan. Renvoyant tout le Québec au Petit Robert, il nous a lu la définition du mot systémique pour justifier son refus de l’utiliser: systémique = un système dans son ensemble. Donc, ce serait dire que tout le système est raciste.
Une personne en désaccord avec le choix du premier ministre de ne pas reconnaitre la validité du concept, et qui serait de mauvaise foi, pourrait être tentée d’imiter sa méthode et chercher, disons, la définition du mot Québec dans le Petit Robert. Puis, elle pourrait faire valoir que le Québec y est défini comme une province, et non comme une nation…
Cela découragerait-il pour autant M. Legault de défendre le concept de nation québécoise?
Non seulement notre premier ministre utilise cette expression, mais en plus il insiste pour que les autres y adhèrent, au point où il veut la faire inscrire dans la Constitution canadienne.
D’ailleurs, quand la commission scolaire English-Montréal a déclaré à ce propos que «[l]’intelligentsia québécoise détourne délibérément le sens du mot “nation” pour tenter de faire croire à une réalité qui n’existe que dans son propre mirage», notre premier ministre a condamné des propos «déconnectés».
M. Legault choisit ses définitions, ses concepts et ses combats.
Le racisme systémique veut dire qu’il y a du racisme dans nos structures sociales, qui sont le produit de notre histoire. Ça permet de dire que le racisme, c’est plus qu’une question de personnes gentilles pas racistes et de personnes méchantes qui portent la croix gammée. C’est une admission que le racisme est souvent plus subtil, plus sournois, plus caché que ça, et que les groupes minoritaires dans notre société en souffrent.
Reconnaitre ce concept n’est pas de l’autoflagellation ou de la culpabilité blanche. Ce que c’est, en revanche, c’est une reconnaissance politique. Et par rapport à ça, le dictionnaire ne peut pas nous dicter quel choix faire.