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Joyce Echaquan: la famille réagit au rapport de la coroner

Constant Awashish, grand chef de la Nation atikamekw, Carol Dubé, conjoint de Joyce Echaquan, et Marie Wasianna Echaquan Dubé, fille de Joyce Echaquan, assis derrière une table lors d'un point de presse sur le rapport de la coroner Géhane Kamel.

Constant Awashish, Carol Dubé et Marie Wasianna Echaquan Dubé.

L’entourage de Joyce Echaquan accueille le rapport de la coroner comme un «premier pas» vers la reconnaissance d’un racisme systémique au Québec, et tacle l’attitude du premier ministre sur cette question, lors d’une réaction au rapport mardi après-midi à Bécancour.

À la suite du dépôt du rapport de l’enquête publique de la coroner Me Géhane Kamel portant sur le décès de Joyce Echaquan, la famille de Joyce Echaquan accompagnée de Me Patrick Martin-Ménard s’est exprimée positivement sur les conclusions. La famille note que du chemin reste à faire, notamment par rapport aux témoignages ambigus de quelques membres du personnel et aux manquements au niveau des soins infirmiers.

Notre système permet encore que ce genre d’événement tragique survienne, que des gens remplis de préjugés commettent des horreurs. Mais il existe aussi des personnes magnifiques qui ont le cœur sur la main. Joyce est morte parce qu’elle était Autochtone. Justice pour Joyce.

Carol Dubé, mari de Joyce Echaquan

L’avocat de la famille explique qu’au regard des constats énoncés dans le rapport, la mort de Mme Echaquan était «évitable». Celui-ci envisage une poursuite à l’endroit de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec pour faire la lumière sur les manquements. L’enquête réalisée par l’ordre est insuffisante, dit-il. Une plainte devrait être déposée devant la Commission des droits de la personne ainsi qu’une poursuite en responsabilité civile contre l’hôpital et certains médecins.

Le chef de la communauté atikamekw, Constant Awashish, a loué l’attitude de la famille Echaquan pendant tout le processus d’investigation. «Carol [mari de Joyce] est un modèle de calme. La famille a fait preuve d’une grande dignité, d’une grande solidarité et d’une grande force. La colère ne prédomine pas.»

M. Dubé a exprimé son envie de «guérison» après la réception du rapport du coroner. «Notre guérison passera par la vérité et par la justice. Nous n’avons pas encore toutes les réponses, mais au moins nous avançons dans cette direction. Notre guérison passera aussi par l’espoir que d’autres familles ne vivront pas ce qu’on a vécu.»

«Nous, les Atikamekw, travaillons depuis longtemps à trouver des solutions pour les grands défis sociaux auxquels nous sommes confrontés. Nous ne nous décourageons pas, nous savons être patients et résilients, mais maintenant des actions doivent être posées pour guérir et construire», a déclaré le Grand Chef de la Nation Atikamekw, Constant Awashish.

François Legault dénoncé

M. Awashish se désole de l’attitude du premier ministre, François Legault, qui «polarise» la question du racisme systémique et s’entête à ne pas le reconnaître.

Le premier ministre décrit seulement les résultats, mais n’est pas capable d’en voir les causes. C’est une bonne chose que la coroner constate qu’il existe bel et bien du racisme systémique. Un concept largement documenté dans le rapport.

Constant Awashish, Grand chef de la Nation Atikamekw

La communauté atikamekw veut devenir une alliée pour une réconciliation, mais le gouvernement doit améliorer sa communication sur ce sujet, précise M. Awashish. «Beaucoup de travail en sensibilisation et en éducation reste à faire», ajoute-t-il.

La députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques et porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, était présente lors de la réaction de la famille à Bécancour. Celle-ci invite François Legault à faire preuve d’écoute et d’humilité. «Le rapport présenté aujourd’hui est trop important pour qu’on le relègue aux oubliettes. La vie de Joyce ne doit pas avoir été perdue en vain. Les gens des Premières Nations demandent au gouvernement d’ouvrir son cœur, de reconnaître leur vécu et d’entendre leurs cris de justice. La CAQ doit mettre en œuvre les recommandations de la coroner Géhane Kamel, comme celles du rapport Viens et du rapport KEPEK, en commençant par la reconnaissance formelle du racisme systémique. Il faut être capable de nommer le problème si on veut y apporter les bonnes solutions.»

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