«Comme premier ministre du Québec», François Legault «ne pouvait laisser passer» les «amalgames» faits par le député libéral Gregory Kelley. C’est pourquoi il s’en est pris à l’élu mardi, lors de la période des questions, lorsqu’il était question du Principe de Joyce.
En l’honneur de Joyce Echaquan, décédée tragiquement il y a un an, l’Assemblée nationale souhaitait adopter une motion reliée au Principe de Joyce. Grosso modo, celui-ci garantirait un accès équitable, sans discrimination pour les Premières Nations, à tous les services sociaux et de santé.
Alors que les partis d’opposition tentaient de faire adopter une motion sur le principe de sécurisation culturelle des Autochtones, le premier ministre a accusé Gregory Kelley de faire un amalgame entre la mort de Joyce Echaquan et la loi sur la laïcité.
Une vidéo circule sur le web où M. Kelley dénonce les projets de loi adoptés par la CAQ, dans le contexte d’un discours sur Joyce Echaquan. Datant du 12 juin, la vidéo a été filmée lors d’un rassemblement de Black Lives Matter.
«Je n’accepterai jamais que le député fasse un amalgame entre Joyce Echaquan et
le projet de loi 96», a tonné M. Legault en chambre, mardi.
La CAQ adhère au Principe de Joyce, sauf pour une partie: la reconnaissance du racisme systémique. «Au lieu d’essayer de diviser, et de faire de la petite politique comme les libéraux et Québec solidaire, c’est le temps de dire: on ne veut plus de racisme au Québec», a tranché François Legault en mêlée de presse mercredi.
«Je pense que s’il y a quelqu’un qui a instrumentalisé l’anniversaire de Mme Echaquan, c’est Gabriel Nadeau-Dubois et Dominique Anglade», a-t-il ajouté.
Excuses demandées
En raison de sa sortie controversée, François Legault doit s’excuser auprès des communautés autochtones et de la famille de Joyce Echaquan, demande la cheffe du Parti libéral, Dominique Anglade. «Le premier ministre a tenu des propos qui étaient inappropriés, des propos qui étaient indignes de la fonction», accuse-t-elle.
On a 365 jours par année. Hier, c’était le moment d’être solennel par rapport à la question de Joyce. Et hier, en chambre, ce n’est pas ce que nous avons vu du tout sur cet enjeu-là. On est allés dans des attaques partisanes, alors qu’on n’aurait pas dû se retrouver là.
La cheffe du Parti libéral, Dominique Anglade
Dominique Anglade a rencontré le député Gregory Kelley au sujet de la vidéo et lui a rappelé l’importance «de se tenir très loin des amalgames».
Déception et colère
Vexée par la sortie de M. Legault au Salon bleu, Manon Massé a quitté la salle avant la fin de la période des questions. «Ça m’a profondément déçue et mise en colère, a-t-elle avoué mercredi, en mêlée de presse. Hier, on a blessé encore plus de gens des Premières Nations, parce qu’ils s’attendent, et Carol Dubé en premier, à ce qu’on arrive à faire ces échanges-là et cette discussion-là correctement.»
Selon le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, l’échange en chambre «manquait de respect».
«C’était déplacé comme échange de la part des politiciens qui ont participé, a-t-il indiqué. Ça manquait de hauteur, parce qu’on veut souligner le respect qu’on a puis l’indignation qu’on a pour la perte de vie humaine dans les circonstances qu’on connaît, et au lieu, on a encore une fois un échange hargneux dans le Salon bleu entre politiciens.»
Sans commentaire
Pour sa part, le ministre des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, a préféré s’abstenir de commentaire quant à la sortie de François Legault.
M. Lafrenière était absent des échanges, puisqu’il a participé à la commémoration en l’honneur de Joyce Echaquan, à Joliette.
«Est-ce que je trouve que c’est un endroit qui est propice pour un débat aussi profond comme nos relations avec les Premières Nations?, s’est-il questionné. Est-ce que je pense qu’il faut être prudent quand on parle de relations avec les Premières Nations pour ne pas tomber du côté partisan? C’est très difficile au Salon bleu et c’est pour ça que je suis ici aujourd’hui.»
Mercredi en fin de journée, le ministre se rendra à Uashat mak Mani-Utenam en compagnie des représentants des trois oppositions. Il y remettra un drapeau orange signé par tous les députés de l’Assemblée nationale en l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation.