La proportion de personnes âgées au sein de la population n’a cessé d’augmenter depuis 1960. Mais malgré cela, les aidants qui désirent offrir des soins à domicile à un de leur proche en perte d’autonomie sont souvent démunis face à une situation inconnue.
Le 23 septembre, l’ergothérapeute Lisanne Rhéaume a publié le Guide des aidants – stratégies pratiques de soutien à domicile des personnes en perte d’autonomie afin d’offrir les outils nécessaires aux proches aidants. Entrevue avec une ergothérapeute qui souhaite prévenir et diminuer l’impact de la perte d’autonomie.
Pourquoi avoir écrit le Guide des aidants?
Lorsque j’étais à l’université, nous avions accès à des livres majoritairement écrits en anglais. Je m’en suis plainte auprès de la directrice du programme qui m’a répondu : «Si tu veux des livres en français, tu n’as qu’à en écrire!»
Bien des années plus tard, alors que j’avais accumulé beaucoup d’expérience sur le terrain, sa réponse me trottait toujours en tête. J’ai alors décidé de me mettre à l’ouvrage et sept ans plus tard, mon savoir est devenu accessible, en français, à tous ceux qui s’intéressent aux enjeux relatifs au maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie.
À qui est-il destiné?
Je l’ai écrit pour :
– les proches aidants qui sont confrontés à la perte d’autonomie d’un de leur proche, afin qu’ils sachent quoi faire et qu’ils se sentent moins seuls, moins démunis. C’est très utile d’avoir des réponses, des conseils, des idées accessibles sur sa table de salon, surtout compte tenu des délais d’attente pour obtenir l’aide d’un professionnel de la santé et des services sociaux;
– les étudiants et les professionnels de la santé en début de carrière qui interviennent auprès des personnes en perte d’autonomie, afin qu’ils aient accès à un livre de référence pratique pour les guider;
– les professionnels de la santé expérimentés qui ont besoin d’élargir leur champ de compétence, afin de mieux contribuer à l’autonomisation des personnes âgées ou handicapées;
– les leaders de notre société, afin qu’ils élargissent leur vision du soutien aux personnes en perte d’autonomie et qu’ils prennent des décisions éclairées quant aux besoins de cette population.
Peut-on réellement retrouver une bonne qualité de vie avec les solutions que vous proposez?
Ça dépend de ce que vous entendez par «qualité de vie». Si vous voulez dire «participer à des activités plaisantes d’une manière différente, pouvoir sortir de la maison, avoir quelque chose à faire de ses journées, avoir des occasions d’éprouver du plaisir, être plus à l’aise dans sa vie de tous les jours, mieux dépenser son énergie, forcer moins, se déplacer plus loin, etc.», alors oui, je crois que les stratégies proposées améliorent la qualité de vie des personnes en perte d’autonomie et celle de leurs proches aidants.
Que pensez-vous des centres d’hébergement et de soins de longue durée pour personnes âgées?
Ils sont absolument essentiels pour les personnes qui n’ont pas les ressources à domicile pour compenser une perte d’autonomie sévère. Cela dit, ce type d’établissements n’aura plus sa raison d’être le jour où chaque individu de notre société aura accès à l’aide dont il a besoin à domicile, peu importe la sévérité de sa perte d’autonomie. Malheureusement, je ne pense pas voir cela de mon vivant!
Selon vous, quelles vont être les retombées de la crise sanitaire dans les centres d’hébergement pour personnes âgées survenue lors de la pandémie?
Je pense que cette crise a sensibilisé nos gouvernements et l’ensemble de la population aux inconvénients relatifs au regroupement dans un même lieu de dizaines de personnes en perte d’autonomie et ayant une santé fragile. Cette sensibilisation permettra à tout le monde de mieux comprendre les avantages relatifs au maintien à domicile de ces personnes.
Pensez-vous que le maintien à domicile sera désormais privilégié, alors que depuis quelques décennies les centres étaient des options d’hébergement valorisées?
Absolument! Avec le vieillissement rapide de la population, il sera impossible d’avoir de la place pour héberger toutes les personnes âgées ou en perte d’autonomie dans des milieux leur étant destinés. Les longues listes d’attente pour y accéder le prouvent déjà!
Notre société n’a pas d’autres choix que de développer les soins à domicile et les outils pour soutenir toutes ces personnes ayant besoin d’aide pour prévenir ou compenser des incapacités physiques ou mentales. J’y contribue par l’intermédiaire de ce guide!