COVID-19: le confinement général n’est pas la solution, dit l’OMS
S’il y a une chose qu’on doit retenir des conférences de l’OMS, c’est que les connaissances évoluent à la vitesse grand V. Aujourd’hui, par exemple, on a appris que l’organisation a besoin de 35 G$US pour son Accélérateur ACT, que 50 types de tests de dépistage rapide sont en évaluation, que 1700 essais cliniques sont en cours et que le confinement général doit être la dernière des solutions des pays.
Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, le salut ne passera pas par le confinement. Ce devrait être le dernier recours, a affirmé l’OMS.
Maintenant, en effet, ses experts estiment plutôt qu’il faille y aller à la pièce, une fois que toutes les autres mesures auront échoué: éviter les grands rassemblements, protéger les personnes les plus à risque, éduquer les populations face aux mesures de prévention. Le dernier élément de l’arsenal est de trouver les cas et d’isoler les contacts rapidement.
Depuis l’apparition du nouveau coronavirus l’année dernière, l’OMS a réalisé de grandes avancées. Et avec un recul de quelques mois seulement, l’organisation a pu établir ses priorités, soit que les écoles demeurent en activité, protéger les personnes vulnérables et garder les économies ouvertes.
Accélérateur ACT
L’Organisation mondiale de la Santé vient de publier son argumentaire visant le développement Accélérateur ACT, dont les besoins sont évalués 35 G$US. L’objectif de l’Accélérateur est de rendre les médicaments et les vaccins disponibles pour tous les pays en même temps, tant ceux aux économies développés que ceux «faibles ou intermédiaires», a expliqué Dr Michael Ryan, directeur exécutif à l’OMS.
L’Accélérateur travaille sur quatre piliers: les vaccins, les avenues thérapeutiques, les diagnostics et, finalement, la connexion des systèmes de santé des pays.
«Nous ne demandons pas la charité, nous demandons un investissement dans la relance mondiale», a affirmé Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus qui a indiqué que cette somme correspondait à ce que les fumeurs du monde entier dépensent en cigarettes en deux semaines.
«On a des leçons à tirer de l’Afrique, car le continent a l’un des taux de décès les plus faibles du monde.» -Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’OMS
Le fameux marché de Wuhan
Durant cette conférence de presse, on a aussi appris que l’OMS a encore des équipes en Chine, notamment pour étudier le désormais célèbre marché d’animaux vivants «où il y a eu une éclosion autour du marché de Wuhan». À quelques reprises, Dre Maria Van Kerkhove a mentionné l’importance d’avoir des équipes multidisciplinaires sur place qui «travaillent avec leurs homologues chinois». Les recherches prendront «des années», selon elle, comme ce fut le cas avec les virus de l’Ebola et du SRAS.
Les experts recherchent toujours le patient 0, soit celui à l’origine de la transmission chez l’humain. L’épidémiologiste a affirmé que l’hôte intermédiaire n’a toujours pas été formellement identifié non plus, tout comme la source animale d’origine, même si on a cité la chauve-souris et le pangolin aux débuts de l’épidémie.
Des leçons de l’Afrique
M. Ghebreyesus a vanté la grande résilience du peuple africain et son sens de la créativité alors qu’on a cru que le continent allait être foudroyé par le nouveau coronavirus alors que de plus en plus de cas étaient répertoriés un peu partout sur la planète.
«L’Afrique n’a pas été touchée comme elle l’aurait pu l’être», a résumé Dr Ryan, qui s’est par ailleurs inquiété de la hausse des cas en Europe.
«Dans le Nord, on pense tout d’un point de vue médical, mais sur le continent africain on pense d’abord à l’aspect communautaire», a poursuivi Dr Ryan.
Le continent n’est pas sorti d’affaire, il doit redoubler de vigilance mais leurs recettes fonctionnent, a-t-il ajouté.
Parmi les facteurs de succès de l’Afrique, les experts ont évoqué le rôle important des autorités locales, la jeunesse de sa population (50% sont des adolescents, ce qui est un avantage de point de vue de la mortalité), le dépistage accéléré et à grande échelle. Cet élément a été rendu possible en comptant sur un grand nombre de partenaires pour les mener.
C’est un réel tour de force quand on sait que dans certains pays, on retrouve aussi peu que 2 médecins par 1000 habitants, un des ratios les plus faibles du monde, a rappelé le directeur exécutif.