Avec près de 1 million de morts partout sur la planète, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé un appel à la solidarité mondiale dans la foulée du dévoilement du rapport du Conseil mondial de surveillance de préparation (CGGP), qui a promis la tenue d’un sommet mondial pour faire toute la lumière sur la gestion de la pandémie.
«Le point étonnant de ce rapport est qu’il y a un véritable rendement de l’investissement en matière de prévention par rapport aux coûts de la pandémie. Cela prendra des années avant de revenir à la normale», a affirmé Dre Gro Harlem Brundtland, coprésidente du Conseil mondial, durant une conférence de presse virtuelle depuis Genève.
Dre Brundtland, qui dirigeait l’OMS lors de l’épisode du SRAS, a ajouté qu’il aurait été impossible de s’en sortir sans la coopération de tous les pays. En 2003, l’épisode du syndrome respiratoire aigu sévère a touché, en six mois, une trentaine de pays et infecté près de 10 000 personnes. L’épidémie a fait «seulement» 774 morts dans le monde.
La COVID a profité du désordre mondial, des divisions politiques et du manque de confiance, a-t-elle ajouté. C’est un cas sans précédent, car la maladie touche surtout les populations vulnérables et défavorisées. Le nouveau coronavirus représente un défi d’une ampleur plus grande et des défis encore plus complexes que ceux liés au SRAS.
Dans un monde de plus en plus interconnecté, où les frontières diminuent, la circulation des virus s’en trouve facilitée, contribuant ainsi à la contagion des populations. C’est pourquoi il faut rester unis et soudés devant ces menaces, à son avis.
«Le but est de savoir comment se préparer au mieux pour les prochaines pandémies, car la COVID-19 ne sera pas la dernière situation d’urgence sanitaire, a assuré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Le monde ne peut pas ne pas être préparé une fois de plus», a-t-il dit, en référence aux mises en garde passées faites par l’OMS auxquelles les dirigeants ont fait la sourde oreille ou n’ont pas réagi avec assez de vigueur ni de moyens.
Intitulé Un monde en péril, le deuxième rapport du Conseil lance un avertissement sans appel à l’intention de la population et des dirigeants de tous les pays: «Aucun de nous ne peut être en sécurité tant que nous ne sommes pas tous en sécurité. La préparation aux pandémies est un bien commun», estime Dre Gro Harlem Brundtland, du Conseil, dont les objectifs sont d’évaluer la capacité du monde à se protéger contre les situations d’urgence sanitaire, de cerner les lacunes en matière de préparation et de plaider en faveur des activités de préparation auprès des responsables et des décideurs.
Celui-ci prend une autre dimension alors que les nouvelles contaminations et le nombre de décès sont en croissance dans plusieurs pays. Plusieurs pays, qui ont partiellement rouvert leur économie, sont forcés de reculer devant la hausse des cas. Au Québec, le système d’alerte des régions (vert, jaune, orange et rouge) ainsi que l’annonce d’une escouade dédiée à la surveillance des bars et des restaurants montrent bien que le nouveau coronavirus n’a pas été vaincu.
Le rapport souligne à quel point l’impact social et économique dévastateur des pandémies, en particulier auprès des personnes vulnérables et défavorisées, est souvent sous-estimé et ignoré. Les conséquences de la COVID-19 vont malheureusement durer des décennies et auront des impacts sur plusieurs facettes de la société.
On estime que les pertes de revenus pour la jeune génération au fil du temps en raison des déficits éducatifs liés à la pandémie s’élèvent à 10 000 G$US
Le CGGP adresse cinq demandes aux pays:
1. Leadership responsable des gouvernements
2. Action citoyenne engagée des populations
3. Systèmes nationaux et mondiaux solides et souples pour la sécurité sanitaire mondiale
4. Investissement durable dans la prévention et la préparation, proportionné à l’ampleur de la menace pandémique.
5. Solide gouvernance mondiale de la préparation aux urgences sanitaires
Ce n’est pas de la charité, a ajouté le dirigeant de l’OMS, c’est un investissement dans notre avenir collectif. «Il faut que nos recommandations soient prises au sérieux, pour qu’ensemble, nous puissions améliorer les systèmes d’alerte précoce de façon à stopper rapidement et efficacement les flambées.»
Créé en 2018 en réponse aux recommandations de la tâche du Secrétaire général des Nations Unies sur les crises sanitaires mondiales, le CGGP est un organisme indépendant de suivi et de responsabilisation pour assurer la préparation des pays aux crises sanitaires.
Le Conseil surveille et rend compte de l’état de la préparation mondiale dans tous les secteurs et les parties prenantes, y compris le système des Nations Unies, le gouvernement, les organisations non gouvernementales ainsi que le secteur privé.