Édredon qui sort de la sécheuse et petit bec au cou. Une entrée sans courbettes, ananas sur le crâne ni enlevante conga de carnival cruise.
J’ai, aujourd’hui, envie de douceur. De beaucoup de douceur, dans cette froideur silencieuse, immobile.
De la douceur toute spéciale pour toi, qui te recolle à peine.
En ce 14 février que plusieurs maudiront pour des motifs qui s’agencent à leur parure de tête: le capitalisme, le stress, l’injonction, la quétainerie-grenaille, le grand trouble de retrouver des confettis-glitter dans les craques du plancher jusqu’en 2089 ou la simple envie de passer une soirée en pieds de bas sans avoir à certifier les fondations de ton amour par une sculpture de bas résilles et de KY en forme de Kenny G, je choisis de maudire la peine.
Ce poids régulier, familier, quasi confortable, mais qui, malgré la lucidité en eaux redevenues calmes, réussit parfois à se frayer un chemin dans la gorge, puis le plexus solaire, pour l’écraser, tout doucement, côte par côte, jusqu’à plus souffle. Jusqu’à transformer chaque micro-respiration en absence. Sinistres spasmes.
On a beau être armé contre tous ces froufrous dont un festivalier décida un jour d’orner février, rouler des yeux et s’élire invincible, je sais que, parfois, ça fait juste mal. Simplement.
J’ai, aujourd’hui, envie de douceur.
La douleur et l’abîme sirop, la panse exposée aux éléments. Ces ravins qu’on évite de décrire pour ne pas effrayer maman. Pour ménager. Pour ne pas devenir cet être pesant qui ressasse en traçant des formes au hasard avec un bâton qui fait lever la poussière. Cet être qui n’a pas tout à fait recousu les cuirs.
Nous voilà arrivés à ce moment de l’hiver où la fatigue s’installe, lourde, empotée rare. Je te sais seul(e). Je te sais aussi brave. Capable, à n’en pas douter.
Je t’écris simplement – et sans doute hautement Deschâtelets-esque avec épaulettes en pain à burgers et brillantine aux sourcils – pour te dire que c’est parfaitement O.K. de ne pas être O.K. (la foudre vient à l’instant de s’abattre direct dans la main qui tapait cette phrase).
C’est parfaitement O.K. (calvaire, j’y prends goût) d’avoir souhaité dormir dans les bras de cette personne fictive, ce soir.
Ou même de cette personne aux bras qui t’ont maintes fois fait mal. Ou de cette personne pas de bras, aussi. O.K. d’avoir craqué. D’avoir écrit. D’avoir porté ce petit haut rouge avec candeur, au bureau, pour au moins vivre ce thème avec ceux que ça fait rosir. C’était plutôt chouette, le petit bol de vitre avec les cœurs à la cannelle, aussi. C’est O.K. si t’as une haleine de cannelle jusqu’à Pâques.
Si tu t’es mis(e) à pleurer en commandant de la poule.
Si ton vase recollé est encore bien cassé. Je honnis avec toi, mon beau loir, ceuzécelles qui scandent, confortables, que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Pas toujours. Et ça aussi, c’est O.K. Prends soin.
La bise.