Platini!
Dans la foulée des scandales qui ébranlent la FIFA, les manchettes nous renvoient l’image d’un Michel Platini «pris» la main dans le sac. Est-ce un traquenard?
Les souvenirs des quatre posters légendaires de Michel Platini sont bien ancrés dans mon cerveau avec les chandails des équipes de l’AS Nancy, l’AS Saint-Étienne, la Juventus de Turin et les Bleus.
Son numéro 10 magique était pour quelque chose dans cette envie qui a envahi le gamin en moi, à la fin des années 1970 et la décennie suivante, pour aimer Michel Platini.
C’est peut-être aussi grâce au club de Saint-Étienne des années 1970 qui, comme le Barça de l’entraîneur Rinus Michels de l’époque, a glorifié le football total néerlandais et accueilli l’un de ses prodiges Johnny Rep. Et que dire de la génération dorée de la France du sélectionneur Michel Hidalgo?
En tout cas, j’ai appris à aimer le meneur de jeu tricolore presque en même temps que l’Argentin Diégo Maradona et le Hollandais Johan Cruyff, il y a presque 35 ans. Une époque où les numéros 10 étaient de véritables numéros 10. Des techniciens hors-norme, à la touche de balle magique et aux coups d’œil et de pied précis comme un laser.
Je me remémore encore aujourd’hui ce numéro du magazine Mondial sur le Platini perfectionniste. Un photoreportage en blanc et noir qui le mémorise derrière des mannequins en carton qu’il s’est fait confectionner spécialement pour simuler un mur et enfiler les coup-francs en solitaire, jusqu’à l’excellence.
Michel Platini est devenu ainsi l’un des meilleurs tireurs de coup-francs de l’histoire du foot. Il a produit une quantité industrielle de ses tirs à plus de 20 mètres de la cible avec sa précision remarquable qui dépose le ballon dans un angle parfait.
Je me rappelle aussi la chevauchée magique de Platini aux côtés du Polonais Boniek ou du Danois Laudrup à la Juve. Un club où il a enchaîné les titres envieux de champion d’Italie, d’Europe et du monde.
Je revois encore la déception du capitaine Platini après sa défaite crève-cœur contre l’Allemagne, lors de cette demi-finale du Mondial 1982, en Espagne, mais aussi son immense joie, deux ans plus tard, quand il a arraché l’Euro 1984, à Paris.
Et puis, après la fin de sa carrière, Platini a plongé dans l’arène de la gestion du foot mondial. Exit les technocrates, enfin un joueur qui a marqué son temps allait prendre les rênes du ballon rond. Une victoire inespérée pour ses joueurs et ses amateurs.
Les requins de la FIFA ont-ils fini aussi par corrompre l’un des meneurs de jeu emblématiques de la planète foot? Ce capitaine à l’éthique de travail légendaire sur le terrain et qui ne ménageait point ses coéquipiers, même quand son équipe menait au score, peut-il être perverti par l’argent? Si c’est le cas, quel énorme gâchis!