Cher Michel Therrien, détendez-vous!
Fin de l’hiver 2002, à mon arrivée au Québec, votre visage a vite fait partie des personnages familiers de ma nouvelle vie.
À l’époque, les temps étaient durs pour moi, comme c’est le cas d’ailleurs pour tout nouvel arrivant. Dans la tourmente du doute, je me suis accroché à tout ce qui me tombait entre les mains de positif.
Et le Canadien a été une aubaine. Je me suis inspiré de la rémission du capitaine Saku Koivu et de l’éclosion du cerbère José Théodore. Cette équipe a fini par faire les séries où elle a battu les Bruins d’entrée de jeu.
Mais la série suivante, vous avez pété les plombs derrière le banc et notre équipe a laissé filer son avance, avant d’être éliminée par la Caroline. On a alors pointé du doigt votre côté bouillant et hautain.
La saison d’après, vous avez perdu votre emploi à Montréal, mais je ne vous ai pas oublié. Quand votre nom a refait surface du côté de Pittsburgh, même lorsque vos Penguins affrontaient nos Glorieux, je n’arrivais pas à les «haïr».
Pour vous dire, alors que je ne suivais que les matchs du Canadien, vos résultats m’intéressaient, car vous étiez un Québécois qui réussissait chez l’Oncle Sam. J’ai ainsi pris pour votre équipe en cette finale crève-cœur de la Coupe Stanley que vous avez perdue!
La saison d’après, j’ai crié à l’injustice quand vous avez été viré à quelques matchs des séries, avant que votre remplaçant ne gagne la coupe à votre place.
Puis, vous avez entamé votre longue traversée du désert. Personne ne croyait votre retour possible, même quand Marc Bergevin vous a mis sur sa courte liste des entraîneurs-chefs potentiels pour notre équipe.
Quand vous avez enfin décroché votre sésame, j’ai été content pour vous, malgré ce qu’on a colporté sur votre tempérament enflammé, votre dureté avec les joueurs et votre caractère hautain avec les médias.
En dépit de ces rumeurs, j’admire votre parcours des poteaux de Bell, comme monteur de ligne, à maître du Centre Bell, comme entraîneur-chef du Canadien.
Hélas, depuis quelque temps, votre attitude a changé avec les journalistes! Vous abordez de plus en plus les points de presse comme un combat au lieu de les utiliser pour communiquer avec les partisans.
À chaque question qui vous déplaît, votre communication non verbale agressive saute aux yeux. Au lieu de faire face au journaliste, vous lui offrez plutôt votre profil tout en vous accoudant fermement sur le pupitre, avant de feindre lui tendre l’oreille d’une façon intimidante.
Détendez-vous cher Michel Therrien. Depuis votre retour, la majorité des fans des Glorieux sont gâtés, les médias reconnaissent votre talent, vos paires vous admirent et notre équipe est désormais crainte partout dans le circuit Bettman.
Pas besoin d’envenimer l’atmosphère alors que la fenêtre est grande ouverte pour le sacre!