TLMEP spécial Paris: «Il était impossible pour nous de ne pas en parler»
Une émission spéciale de Tout le monde en parle (TLMEP), diffusée en direct dimanche soir, a été consacrée entièrement aux attentats qui ont causé la mort d’au moins 129 personnes à Paris, vendredi dernier.
«Puisque tout le monde en a parlé, il était impossible pour nous de ne pas en parler», a lancé l’animateur Guy A. Lepage en ouverture d’émission, justifiant ainsi ce changement de dernière minute à la programmation, une première pour ce talk-show habituellement préenregistré.
Le public de cette émission spéciale était majoritairement composé de Français, à l’invitation de l’équipe de TLMEP. Des éclairages bleus, blancs et rouges, ainsi qu’un drapeau français décoraient le studio.
«Ce n’est pas pour rien que le coq nous représente. Même quand on a les deux pieds dans la merde, on continue à chanter.» – Guy A. Lepage, animateur, rapportant les propos d’un ami français
Pas moins de 15 invités ont analysé sous plusieurs angles les tragiques événements qui ont secoué la France. En direct de Paris, le correspondant de Radio-Canada Jean-François Bélanger a témoigné de l’atmosphère tendue qui régnait à Paris. Pour sa part, le comédien Antoine Bertrand, qui séjourne dans la capitale française pour un mois – «J’ai pogné un gig au Moulin Rouge», a-t-il blagué –, a raconté qu’il était dans un restaurant tout près du Bataclan lorsqu’un ami l’a informé des attentats. «J’ai pas pris de dessert, j’ai payé mon bill et je suis parti à mon hôtel», a-t-il raconté.
Tout juste de retour de Paris, le fondateur de Juste pour rire, Gilbert Rozon, et le journaliste Michel C. Auger ont eux aussi raconté comment ils ont vécu les événements.
M. Rozon a appelé les Parisiens à «faire un doigt d’honneur» aux terroristes en continuant à sortir dans les restaurants et à aller voir des concerts. Bref, à ne pas avoir peur.
Un appel qui a été partagé par le conseiller politique Yan Chantrel. «Réagir avec de la haine, c’est ce que les terroristes recherchent. Pour les combattre, il faut appeler à la paix», a-t-il lancé sous les applaudissements du public.
Le Montréalais a eu des mots encourageants pour son pays d’origine. «La France a connu beaucoup de drames dans son histoire, mais elle s’est toujours relevée encore plus forte, encore plus belle, autour des valeurs d’égalité et de fraternité.»
Présent en studio, le défenseur de l’Impact Hassoun Camara, qui est Français, semblait encore sous le choc. «Allumer la télé et voir des endroits qu’on a fréquentés, des restaurants, le Bataclan… C’est très difficile», a-t-il dit, ajoutant qu’un ami à lui avait été blessé et qu’il était toujours sans nouvelle de l’épouse de ce dernier.
Comment réagir à un tel drame? Le maire de Montréal, Denis Coderre, a mis l’accent sur la prévention. «C’est pour ça qu’on a créé un centre contre la radicalisation.» Ce centre aurait reçu 368 appels depuis sa création, en mars dernier.
À ses côtés, le ministre de la Sécurité publique du Québec, Pierre Moreau – dont la fille séjourne à Paris et était au Bataclan la veille du drame –, a rappelé l’importance d’accueillir les réfugiés syriens. «La sécurité ne doit pas devenir un prétexte pour masquer la xénophobie», a-t-il dit.
Analysant les phénomènes du terrorisme et de la radicalisation, la professeure au Collège militaire royal du Canada Janine Krieber a mentionné que le but premier de ce type d’attaque est de faire parler. «Le premier objectif du terrorisme, c’est pas de tuer, c’est de se montrer, de produire de la terreur.»
En guise de solution à ce problème, la politicologue Fatima Houda-Pepin a proposé qu’un plan à long terme, fondé sur l’éducation et l’accompagnement, soit élaboré pour démocratiser les sociétés. «Il faut travailler avec les populations, à dimension humaine», a-t-elle affirmé, soulignant qu’il faudra réfléchir aux façons de «pacifier le monde».