Nick Cave: tout en nuances pour des privilégiés

MONTRÉAL – À 24 heures de fouler les planches de l’immense scène du festival Osheaga samedi soir, Nick Cave s’est mis en voix avec une performance solo au piano dans le Vieux-Montréal.
S’ils n’étaient que 85 à pouvoir l’apprécier tout en nuances au Centre Phi le premier soir, ils risquent d’être plus de 40 000 au parc Jean-Drapeau à ressentir l’énergie de l’Australien et de ses Bad Seeds.
Le Centre Phi a réussi le tour de force de présenter Nick Cave dans un cadre aussi intime puisque ses fondatrice et présidente, Phoebe Greenberg et Penny Mancuso, ont agi à titre de productrices exécutives d’un documentaire au sujet de cet artiste culte.
La soirée se voulait d’abord la projection, en avant-première canadienne, du film 20,000 Days on Earth, qui se veut une immersion de 24 heures dans la vie de Cave alors qu’il enregistrait l’album Push the Sky Away (2013).
Les amateurs qui ont réussi à mettre la main sur les quelques dizaines de places disponibles — les billets se seraient vendus en moins d’une minute! — ont ensuite pu interroger le sujet du long métrage, qui s’était joint au public.
Plusieurs étaient visiblement émus de parler directement à leur idole. Ils ont notamment appris que son processus de création s’est organisé au fil des ans. Celui qui vit à Brighton, en Angleterre, depuis 1980, a expliqué se lever le matin et s’enfermer dans un bureau pour écrire. Il considère qu’il s’agit d’un travail, qui est le sien. Ils ont même su qu’il rédigeait d’abord ses textes à la main avant de les retaper sur son clavier jusqu’à ce qu’il en soit satisfait.
Globalement, Nick Cave a fait preuve de respect et d’honnêteté envers un public déjà conquis. Il n’a pas tenté de cacher le fait qu’il ne semblait pas avoir vu le montage final de 20,000 Days on Earth. De plus, bien qu’il s’agisse officiellement d’un documentaire, il a répété que c’était une fiction, énumérant même tout ce qui avait été ajouté et qui ne faisait pas réellement partie de sa vie.
Durant les trois quarts de l’heure qu’il a passé à échanger, il aura interprété six de ses chansons.
Après Love Letter et Mercy Seat, il a livré une performance particulièrement sentie de God Is in the House où les conditions acoustiques favorables lui ont permis de mettre en valeur sa diction impeccable. Détendu, il s’est beaucoup amusé à changer les intonations des versions originales.
Cave a ensuite présenté People Ain’t No Good comme étant l’une de ses favorites, avant d’enchaîner avec la pièce Into my Arms.
Bref, ceux qui n’ont pu l’entendre au Centre Phi, ont encore l’occasion de le voir se produire ce samedi soir.
Cette fois, ce sera dans un cadre où Nick Cave and the Bad Seeds n’ont plus rien à prouver, soit sur une scène comme celle d’Osheaga.