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Pétrole sur Anticosti: Québec va l'avant

Photo: Métro

MONTRÉAL – Le gouvernement Marois fait un premier pas vers l’exploitation pétrolière à l’île d’Anticosti en investissant 115 millions $ dans deux projets visant à confirmer le potentiel estimé à quelque 46 milliards de barils.

Deux ententes ont ainsi été signées avec les entreprises Pétrolia, Corridor Resources, Junex et la pétrolière française Maurel & Prom pour la réalisation de deux programmes d’exploration qui se dérouleront chacun en deux phases.

«Nous avons accéléré notre transition vers les ressources renouvelables, nous devons réduire impérativement notre dépendance au pétrole étranger», a expliqué la première ministre Pauline Marois, jeudi, à Montréal.

Selon Québec, les ententes négocies avec les entreprises concernées lui permettront de contrôler près de 50 pour cent des permis et d’obtenir 60 pour cent des bénéfices liés à l’exploitation pétrolière sur l’île d’Anticosti, dont les retombées pourraient atteindre 45 milliards $ sur 30 ans.

«Nous estimons que pour chaque dollar de revenu tiré de l’éventuelle exploitation pétrolière à Anticosti, le gouvernement tirera 61 cents grâce à ses prises de participation, aux impôts et aux redevances», a estimé le ministre des Finances, Nicolas Marceau, également présent.

La première entente, signée avec Pétrolia, Corridor Resources et Maurel & Prom prévoit un investissement total de 70 millions $ de Ressources Québec, une filiale d’Investissement Québec, ainsi qu’une somme additionnelle de 43,33 millions $ de Maurel & Prom. Des forages devraient avoir lieu dès cet été en vertu de l’entente.

La province détiendra une participation de 35 pour cent de la coentreprise chargée de réaliser l’exploration, alors que Pétrolia et Corridor Resources, qui détiennent la majorité des permis à l’île d’Anticosti, devraient détenir 21,67 pour cent chacune de la coentreprise. Des forages devraient avoir lieu dès l’été.

Quant à l’entente avec Junex, Ressources Québec (RQ) pourrait investir dans un programme d’exploration de 90 millions $ en compagnie d’un autre exploitant qui reste à être déterminé. La répartition de la participation dans cette coentreprise resterait à négocier, mais RQ pourrait obtenir un minimum de 40 pour cent des parts.

Même si le Québec prend un risque en investissant, la première ministre considère que le jeu en vaut la chandelle.

«Il y a des risques beaucoup plus grands qui se prennent dans d’autres dossiers avec un potentiel aussi hypothétique, a souligné Mme Marois. On parle de 45 milliards $ de retombées potentielles. Il me semble que cela doit en faire rêver certains.»

M. Marceau a également rappelé que le montant de l’investissement annoncé jeudi figurait déjà dans le cadre financier du gouvernement Marois.

«Cette enveloppe est déjà budgétée, a-t-il souligné. Ressources Québec est doté d’une enveloppe de 250 millions $ pour des prises de participation dans des projets liés aux ressources naturelles.»

La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, et son collègue à l’Environnement, Yves-François Blanchet, ont assuré que le Bureau d’audiences publiques sur l’environnent recevra un mandat de consultations si l’exploration devait révéler que les ressources pétrolières de l’île d’Anticosti peuvent être exploitées de façon rentable.

Les représentants de Pétrolia, Junex et Corridor Resources ont tous reconnu qu’ils devront convaincre la population locale du bien-fondé de l’exploitation pétrolière, mais croient être en mesure de le faire.

«Nous devrons poursuivre le dialogue, autant avec les pour que les contre, a dit le président de Pétrolia, Myron Tétreault. En démontrant que nous opérons avec transparence, nous favoriserons l’acceptabilité sociale.»

Quant à eux, les groupes écologistes Greenpeace et Équiterre n’ont pas raté l’occasion de critiquer l’investissement du gouvernement Marois, affirmant qu’il faisait fausse route en favorisant l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

«L’argent investi devrait l’être pour réduire notre consommation, a affirmé en entrevue le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin. On nous dit que le gouvernement n’a pas les moyens d’investir dans les transports en commun, et là on se retrouve avec un projet qui va augmenter les gaz à effet de serre.»

La réaction a été bien différente au Conseil du patronat du Québec, qui estime que cette décision du gouvernement pave la voie à de futurs investissements stratégiques dont les Québécois ont grandement besoin.

«Il est impératif de libérer le vaste potentiel énergétique dont jouit le Québec pour créer davantage de richesse et générer des retombées économiques, fiscales et sociales substantielles», a commenté son président, Yves-Thomas Dorval.

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