Montréal manque de cendriers
Certains arrondissements de Montréal sont mal nantis en cendriers urbains. Pourtant, les mégots de cigarettes représentent un réel risque d’incendie dans la métropole. En 2020, les feux de pots de fleur ou de terrasses ont provoqué plus de 245 incendies à Montréal, engrangeant des dommages s’élevant à plus de 2 M$. Les mégots de cigarettes seraient responsables d’un incendie sur cinq à Montréal.
Les cendriers urbains et les contraventions représentent un rempart à ce comportement difficile à effacer dans la population. Au total, le réseau de cendriers urbains de la Ville de Montréal compte près 1160 cendriers urbains répartis dans 16 arrondissements.
Les arrondissements du Plateau-Mont-Royal et de Ville-Marie figurent parmi les plus privilégiés avec respectivement 184 et 316 cendriers urbains sur leur territoire, loin devant Montréal-Nord, Saint-Laurent ou Saint-Léonard qui n’en ont que 10 chacun. Des restaurateurs et tenanciers de bars auraient d’ailleurs approché l’organisme Mégot Zéro pour demander des cendriers devant leur institution.
«Il y a un déséquilibre en fonction des endroits, constate Garance Francois. Il y’a un gros manque de sensibilisation par rapport au fait de jeter son mégot par terre et offrir la possibilité de mettre dans un cendrier ça aide.»
Elle considère que davantage de cendriers devraient être installés aux abords des OBNL et où les personnes en situation d’itinérance sont plus présentes.
Le service de sécurité incendie de Montréal (SIM) rappelle qu’il peut s’écouler entre quatre et cinq heures entre le moment où une cigarette est écrasée et l’apparition d’une première flamme. .
Jeter son mégot par terre c’est «dégueu»
Le nombre de cendriers urbains et l’importance des contraventions pour mégoïsme valaient «la peine d’être regardé attentivement», estime la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
«Il faut que ce soit un effort collectif. Je suis prête à regarder s’il devrait y avoir plus de cendriers de la Ville de Montréal dans certains endroits publics, mais j’ai aussi besoin que les commerçants, les institutions, les universités et autres aient également leur cendrier et participent à cet effort-là», a indiqué la mairesse lors d’une mêlée de presse, en juin.
On est en 2023. Lancer son mégot par terre, voyons donc, c’est dégueu ça ne se fait pas […] de la même façon qu’on accepte plus que les gens ou nous-mêmes jetons un papier par terre, on devrait plus faire ça avec des cigarettes, c’est non.
Valérie Plante, mairesse de la Ville de Montréal
L’opposition officielle à l’hôtel de ville martèle l’importance de rehausser le nombre de cendriers, mais aussi la fréquence de collectes des mégots dans la métropole.
«Si nous voulons que les citoyens posent le bon geste, encore faut-il leur donner les bons outils. J’invite l’administration Plante à également faire partie de l’effort collectif qu’elle promeut tant pour assurer la propreté de notre métropole», commente la porte-parole de l’Opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal en matière d’environnement, Stéphanie Valenzuela.
Le mégot, un déchet «pas comme les autres»
Le «mégoïsme» ou le fait de jeter son mégot de cigarette n’importe où est une mauvaise habitude que de nombreux fumeurs continuent d’avoir. Garance Francois de Mégot Zéro rappelle qu’un simple mégot jeté dans la nature va polluer jusqu’à 500 litres d’eau et mettra 12 ans à se dégrader. Selon elle, la taille de ce petit déchet vient renforcer le sentiment que les mégots ne polluent pas beaucoup.
«Il y a une romanisation du fait de jeter son mégot par terre et c’est super difficile à déconstruire, dit-elle. Comme c’est un tout petit déchet, les gens n’en ont pas connaissance.»
Garance Francois n’a pas l’impression que les contraventions pour mégoïsme ont un effect significatif considérant le nombre important de personnes qui continue à jeter son mégot au sol. Elle préconise davantage les incitatifs positifs et aimerait voir un système de consigne de mégot, comme celui pour les canettes, afin de favoriser le ramassage de ce petit déchet aux grands effets environnementaux.
«Le problème des combats environnementaux c’est que ce n’est jamais sous notre nez, dit-elle. Quand on commence à s’y pencher même sur une pollution visuelle, c’est énorme»
Elle se réjouit cependant que des cendriers de poche soient désormais disponibles à la vente dans l’ensemble des écoquartiers de la métropole.