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Le baseball ne reviendra jamais à Montréal, croit un économiste

Photo: Claude Brochu / Wikimédia Commons

Vous pouvez abandonner vos rêves d’un retour des Expos, ça n’arrivera jamais, croit le professeur d’économie de l’Université Concordia Moshe Lander. C’est essentiellement pour des raisons économiques, mais aussi démographiques, que l’économiste en arrive à ce constat brutal.

«Avec quatre millions de personnes dans le Grand Montréal, combien seront enthousiastes à aller aux parties des Expos? Il faut trois millions de spectateurs par année pour que ce soit viable. Je ne crois pas que la situation démographique de Montréal puisse générer autant de fans», dit-il d’emblée.

M. Lander croit aussi qu’il importe que les propriétaires du club soient établis ici, autrement leur intérêt envers l’équipe «ne sera que financier», ce qui n’est pas une option intéressante. Toutefois, le professeur estime qu’il «faut 5 milliards de dollars pour amener une équipe à Montréal […] et 250 millions par année pour la payer», mais qu’il ne croit pas qu’une personne au Québec soit prête à débourser autant.

Pas de stade, pas d’équipe

La question corsée du stade qui pourra héberger les Expos semble aussi nuire aux chances de voir un retour de l’équipe, selon M. Lander. «La Ligue majeure de baseball affirme qu’une équipe ne viendra pas à Montréal si le stade qui l’accueille est le Stade olympique», soutient d’abord l’économiste.

«Un nouveau stade peut coûter autour de deux milliards de dollars et il est certain qu’une partie sera financée par les contribuables. Je ne crois pas que les contribuables aient envie de dépenser deux milliards de dollars pour un stade envers lequel plusieurs n’auront aucun intérêt.»

Au moment où les Expos frappaient encore la balle dans la métropole, «les revenus d’une équipe venaient des billets vendus, mais maintenant, ils proviennent des contrats télé. Qui voudra payer pour des contrats télé, considérant que Montréal est un marché très limité?» s’interroge M. Lander.

Montréal, plus une ville de baseball

Au-delà des raisons économiques, Moshe Lander croit que la situation démographique de Montréal n’est plus propice à la culture du baseball qui serait nécessaire à la viabilité d’un club. «Les fans des Expos étaient des hommes blancs âgés. C’était la démographie des fans et ça continue d’être la démographie des fans de baseball, mais Montréal ne correspond plus à cette démographie. La ville est plus diversifiée et plus jeune, aujourd’hui.» Plus de personnes «aux origines africaines et caribéennes» dans la ville rendent notamment le soccer et le basketball beaucoup plus populaires que le baseball, fait-il valoir.

Il faut aussi considérer l’engouement culturel dans le débat. «Les Blue Jays de Toronto jouent continuellement depuis 45 ans. Ils sont désormais l’équipe canadienne. Une partie des fans de baseball montréalais sont déjà attachés aux Blue Jays.»

Un, c’est bien, mais deux, c’est pire

Comme cerise sur le sundae, M. Lander ajoute que la Ligue majeure de baseball risque de toujours préférer d’autres villes à Montréal. «Le baseball n’aime pas bouger des franchises. Ils ne voudront certainement pas bouger une équipe deux fois», dit-il.

«Ils vont probablement préférer amener une équipe au Tennessee, par exemple. Si ça échoue, ça échoue une fois, mais à Montréal, si ça échoue une deuxième fois, c’est embarrassant», lance le professeur sans mâcher ses mots.

Montréal ferait peur aux joueurs

Au Québec, «les impôts sont très élevés et les joueurs s’en rendent compte. En tant que joueur, si tu as le choix d’aller jouer à Phoenix ou à Miami – où les taxes sont basses – ou à Montréal, il y a moins de chances que tu choisisses Montréal», croit Moshe Lander.

«Il n’y a pas vraiment de joueurs francophones dans le baseball. Pour éviter une mauvaise perception, il faudrait que l’équipe administrative soit donc francophone, mais ça peut entraîner un problème pour attirer des talents.» M. Lander rappelle d’ailleurs que «lorsque les Expos jouaient, certains joueurs disaient ne pas aimer devoir placer leurs enfants dans des écoles francophones. Maintenant, on a un gouvernement encore plus dévoué à la langue et à la culture française et qui est plus inflexible face à l’anglais».

Avec ces deux raisons mises ensemble, «Montréal semble vouée à avoir de la difficulté à avoir une équipe performante». Malheureusement, «c’est en série que les profits se font […] et les fans n’aiment pas payer pour de la médiocrité», soutient le professeur en guise d’argument venant planter le dernier clou dans le cercueil du retour de l’ancienne équipe de Youppi!.

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