Sophie Nélisse dans «Yellowjackets»: vivre le rêve de jouer un cauchemar
À l’aube du début de la deuxième saison de Yellowjackets, on discute succès, attentes et défis avec l’une de ses principales têtes d’affiche, la Québécoise Sophie Nélisse.
La série télé américaine a été la surprise de l’automne 2021, récoltant des critiques élogieuses et raflant plusieurs nominations aux prix Emmy. On y suit une équipe de soccer féminine dont l’avion s’écrase en pleine forêt, contraignant les joueuses à passer de longs mois entre elles en mode survie. Parallèlement, on les retrouve à l’âge adulte, alors qu’elles restent hantées par leur expérience et les actions qu’elles ont dû faire pour survivre.
En entrevue avec Métro, Sophie Nélisse prévient que cette nouvelle saison, qui commencera le 24 mars sur Crave pour le public canadien, sera encore plus sombre que la première. « Les filles se divisent en clans, se retournent les unes contre les autres. C’est l’hiver, les enjeux sont plus élevés, on a moins à manger. Nos instincts de survie et notre côté animal ressortent. »
La pression du succès
Surnaturel, horreur, meurtre, délire psychotique, possible cannibalisme: il n’y a pas à dire, les artisan.e.s de la première saison de Yellowjackets prenaient des risques.
« Pour la première saison, on ne savait pas à quel point les gens allaient embarquer dans l’horreur et le surnaturel, donc on avait le réflexe de vouloir garder ça réaliste le plus possible, raconte Sophie Nélisse. Mais là, pour la deuxième saison, en voyant comment les gens ont apprécié cette dimension, on est moins complexé et on peut se lancer à fond. »
Mais cette nouvelle saison vient aussi avec une plus grande pression pour la comédienne de 22 ans, qui ressent un certain stress à l’idée de devoir rester à la hauteur, comme si elle devait quelque chose au public. Cette pression est d’autant plus pesante pour elle qu’elle croit que le public québécois a tendance à mettre sur un piédestal les vedettes d’ici qui percent à l’internationale.
Sophie Nélisse préfère baisser les attentes. « C’est un peu de la chance tout ça… je vais peut-être me planter à un moment donné », estime celle qu’on a aussi pu voir dans le film The Book Thief.
La comédienne apprécie ce succès le temps qu’il passe. « Le fait de venir d’un milieu où les budgets sont limités fait en sorte que j’apprécie les moyens à notre disposition et que je suis d’autant plus reconnaissante de mon expérience. Les loges, la nourriture, l’équipe, l’ampleur du projet, tout ça fait que je me pince tous les jours, tandis que d’autres filles tiennent ça pour acquis », raconte-t-elle.
Cela ne l’empêche pas d’admirer le talent de ses collègues comédiennes et d’apprendre d’elles pour enrichir son propre jeu. « Il y en a qui ont un style de jeu tellement différent du mien. Par exemple, elles savent vraiment bien utiliser l’espace, ce qui n’est pas du tout ma force. Dès que je n’ai pas de poches, je ne sais pas où mettre mes mains. »
Lot de défis
La deuxième saison de Yellowjackets, qui se déroule en hiver, a impliqué quelques défis techniques différents de ceux de la première saison, qui était difficile à faire, puisque les filles devaient tourner dans le bois, parfois sous la pluie, souvent toute sales.
Cette nouvelle saison a plutôt été tournée en studio, les filles devant porter plusieurs couches de vêtements et s’installer autour d’un feu à faire semblant de grelotter en raison du froid. Dans les faits, elles mourraient de chaleur. « Le froid, c’est un sentiment très difficile à recréer », a compris Sophie Nélisse.
De plus, le fait d’être si nombreuses dans chaque scène a fait en sorte que le tournage a été très long. « On devait couvrir toutes les filles, avoir des plans sur tout le monde. On pouvait passer sept heures sur une scène. Quand tu as juste une réplique à dire, devoir attendre si longtemps te fait perdre le côté naturel. »
Que la série soit tournée chronologiquement facilitait toutefois l’immersion. Les comédiennes reçoivent les scénarios des épisodes un à la fois.
« Ça aide à garder les pieds dans notre personnage. Il ne sait pas où il s’en va et moi non plus », indique la comédienne. Toutefois, l’expérience est différente pour les comédiennes interprétant les personnages plus tard dans leur vie, « puisqu’elles doivent véhiculer tout le trauma sans savoir exactement ce qui s’est passé ».
Que réserve l’avenir?
La diffusion de la deuxième saison de Yellowjackets n’est même pas encore commencée que la troisième a déjà été confirmée. Sophie Nélisse s’en réjouit, mais elle ne voudrait pas que la série s’étire inutilement.
« J’aime jouer différents personnages. Je suis un peu tannée de faire des drames, admet-elle. J’adorerais faire de la comédie. Ça doit être le fun, mais difficile de faire rire. Ça me sortirait de ma zone de confort. Jouer dans un truc comme The White Lotus serait mon rêve. N’importe quoi sauf de l’horreur en fait. Je n’en peux plus de crier et brailler », rigole la comédienne.
D’ici là, on pourra voir Sophie Nélisse au cinéma cette année dans Irena’s Vow de Louise Archambault, un film qui raconte l’histoire d’une infirmière polonaise qui a sauvé des personnes de confession juive durant la Deuxième Guerre mondiale.
La deuxième saison de Yellowjackets débute le 24 mars sur Crave et Showtime.