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Tous des menteurs, selon Zampino

Photo: www.ceic.gouv.qc.ca

L’ex-président du comité exécutif, Frank Zampino s’est défendu contre les allégations de plusieurs témoins à sa troisième journée de témoignage devant la Commission Charbonneau, allant jusqu’à se poser en bouc émissaire des firmes de génie. Il était impossible, a-t-il expliqué, qu’un système de partage des contrats émane des élus qui n’avaient pas l’influence pour intervenir en faveur d’une firme particulière. Selon ses dires, Rosaire Sauriol, de Dessau, Claude Léger, ancien directeur de la Ville de Montréal, et Serge Pourreaux, ex-directeur de l’approvisionnement de la Ville de Montréal, ont menti lorsqu’ils ont témoigné.

Rosaire Sauriol
Le bon ami de M. Zampino avait affirmé lors de son témoignage qu’il lui avait parlé des dons en argent comptant faits par Dessau au parti Union Montréal. C’est complètement faux, a martelé le témoin. Il a concédé que l’ancien vice-président de la firme est venu à quelques reprises se plaindre de la trop grande gourmandise du collecteur de fonds du parti, Bernard Trépanier, mais jamais il n’a été question d’un système de partage des contrats. «Quand on pense à M. Sauriol, on constate qu’il n’a pas vraiment de raison de mentir, mais quand on pense à vous on en trouve. Pourquoi aurait-il menti?», a demandé le commissaire Renaud Lachance. «Je ne sais pas, a-t-il affirmé. Je n’aime pas spéculer, mais ils ont peut-être consulté leurs avocats qui leur ont dit que donner la paternité de ce système frauduleux à la ville de Montréal leur permettrait de s’en sortir.»

Claude Léger
Le directeur général de la Ville de 2006 à 2009 avait indiqué avoir été influencé par M. Zampino pour favoriser la candidature de Robert Marcil sur les comités de sélection. Il aurait aussi tenté d’intervenir dans le résultat de ces comités en lui remettant à deux reprises une feuille sur laquelle était inscrit un numéro de projet et de noms de firmes. «J’étais tétanisé par cette demande. J’ai pris le papier, je l’ai détruit et je ne suis jamais intervenu», avait-il expliqué. «Si M. Léger était tétanisé par ça, il a la peau mince», a indiqué Frank Zampino. Selon lui, il voulait simplement lui demander pourquoi une firme avait été disqualifiée sur une base technique. Il a du même souffle minimisé son rôle dans la prise de décision, affirmant qu’il n’avait pas le pouvoir d’influencer les cinq ou six membres des comités de sélection.

Serge Pourreaux
«Ce que Serge Pourreaux a dit, c’est de la fabulation, c’est loufoque», a lancé M. Zampino, qui s’est dit «enragé» par le traitement médiatique de son témoignage. M. Pourreaux, l’ancien directeur de l’approvisionnement à la Ville de Montréal entre 2003 et 2006, est l’homme derrière le rapport qui a conclu en 2004 que Montréal payait 30% plus cher pour ses projets. Lors de son témoignage, il avait affirmé devant la commission qu’un «putsch» orchestré par Frank Zampino avait «tassé» les trois personnes responsables de la démarche d’optimisation : Robert Abdallah, Guy Hébert et lui-même. «Quand j’ai entendu ça, je suis tombé en bas de ma chaise», a déclaré Frank Zampino, lors d’une longue tirade bien sentie. Selon lui, le départ de MM. Abdallah et Hébert est dû à une décision du maire Gérald Tremblay.

Prendre ses distances avec Trépanier
Frank Zampino a indiqué en avoir appris «beaucoup» sur la philosophie de son ami Bernard Trépanier, qui avait dit lors de son témoignage qu’il rétribuait les amis du parti en partageant les contrats à la Ville de Montréal.

M. Zampino a dit qu’il se serait «insurgé» si Bernard Trépanier lui avait dit qu’il fallait répartir les contrats. «M. Trépanier s’occupait du financement du parti, mais, moi, j’avais une ville à gérer. Il savait que je ne voulais pas m’occuper de ça», a-t-il déclaré.

En mode attaque
Dès le début de son témoignage, le témoin s’est lancé dans une attaque en règle contre la Commission Charbonneau, avant même que la procureure Sonia LeBel, qui pilote l’interrogatoire n’ait pu lui poser de questions.

Il a dénoncé que la commission l’ait induit en erreur la semaine dernière lorsqu’il a été question d’un enregistrement téléphonique réalisé lors de l’enquête Diligence de la SQ.

L’événement du 16 avril 2009, mentionné dans l’enregistrement, n’était pas pour le financement du parti Union Montréal, mais pour l’Association sportive et culturelle du Centre-Sud, a expliqué le témoin qui s’est dit «surpris» de constater que la commission n’avait pas consulté ses propres documents avant de le questionner.

Il s’est du même souffle défendu d’avoir vendu des billets pour l’événement ou d’y avoir assisté.

Des cadeaux acceptables
L’homme de 53 ans, qui était président du comité exécutif à la Ville entre 2001 et 2008, a admis avoir reçu des bouteilles de vin de firmes de génie, de cabinets d’avocat, mais il ne se souvient pas s’il en a reçu d’entrepreneurs en construction.

Selon lui, ces cadeaux étaient «acceptables» et, comme les dons au parti, ils n’affectaient pas son jugement dans ses décisions quotidiennes. «Tout le monde doit suivre les mêmes règles», a-t-il dit.

Le témoin a par ailleurs expliqué que le maire, le comité exécutif, les hauts fonctionnaires et les élus montréalais ignoraient tout du système de collusion en place en Montréal, qui a été décrit par de nombreux témoins devant la commission.

«Jamais un ingénieur n’est venu me voir pour me dire qu’il [Bernard Trépanier] avait mis de l’avant un système de partage de contrats», s’est-il défendu.

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