Visite à la Maison de naissance Marie-Paule-Lanthier
Lorsqu’on franchit les portes de la Maison de naissance Marie-Paule-Lanthier, située près de la station de métro Sauvé, on est frappé par la couleur du sol. Un plancher rose bonbon couvre presque l’ensemble du rez-de-chaussée.
«Partout où c’est rose, c’est ouvert à tout le monde tout le temps», explique Marie-Pierre Mainville, sage-femme en chef, lors d’une visite guidée des lieux avec Métro, quelques jours après la naissance de Maurice, premier bébé accueilli à la nouvelle Maison de naissance
Parmi les salles libres d’accès «très axées sur la famille», il y a le «cœur de la maison de naissance», soit une grande salle lumineuse où plusieurs sièges de méditation ont été disposés à même un tapis.
C’est dans cette pièce que se déroulent à la fois les cours prénataux de groupe, les rencontres postnatales et les réunions du comité de parents de la Maison de naissance.
Bientôt, des organismes du territoire du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Nord-de-l’Île-de-Montréal (CIUSSS NIM) pourront également emprunter la salle afin d’organiser des activités communautaires.
«Pas besoin de frapper pour entrer chez moi»
Comme le chantait Jacques Michel dans cette chanson célébrant la vie en communauté, la Maison de naissance Marie-Paule-Lanthier aspire, notamment par le concept du plancher rose, à la création d’un lieu accueillant et accessible à tous.
«Par définition, une maison de naissance appartient à sa communauté, précise Mme Mainville. Si la personne enceinte souhaite avoir son entourage avec elle à n’importe quel moment du suivi, il n’y a pas d’heures de visite ici. Tout le monde est bienvenu lorsque la personne enceinte le désire aussi.»
Un suivi holistique
Plus loin, au même étage, la couleur du plancher passe au crème. La sage-femme salue un couple assis dans la cuisine communautaire, aussi utilisée comme salle de réunion pour le personnel soignant de l’établissement.
Marie-Pierre Mainville se dirige ensuite vers la salle d’examen gynécologique, puis les sept bureaux de consultation dans lesquels les sages-femmes effectuent un suivi à la fois médical et psychosocial.
«Nos rendez-vous durent une heure. La portion médicale dure 10 ou 15 minutes, mais en plus, on a le temps de se demander comment ça va. C’est important de permettre à la famille de s’exprimer sur son vécu de grossesse, mais aussi de se préparer à l’accouchement», soutient la sage-femme.
De l’intimité «pour se déposer dans l’expérience de la naissance»
Un changement d’atmosphère s’opère lorsque nous passons par la cage d’escalier, entièrement bleue et inspirant le calme et la détente.
À l’étage, il y a quatre chambres de naissance. Dans chacune d’elles se trouvent un grand lit, un berceau et un bain spacieux.
Contrairement à ce qu’on trouve dans les salles d’accouchement des hôpitaux, aucun appareil ou instrument médical – lesquels suscitent parfois la peur ou la crainte lors de l’accouchement –n’est en vue.
Mme Mainville assure toutefois qu’il y a tout ce qu’il faut pour intervenir en cas d’urgence dans l’ensemble de ces chambres.
«On n’envoie pas le message à la personne qui accouche qu’elle va en avoir besoin. Ce dont elle a besoin, c’est qu’on prenne soin d’elle, qu’on lui offre une présence rassurante constante», souligne Marie-Pierre Mainville.
De plus, les ballons, le banc de naissance, l’anneau de suspension au-dessus du lit et le bain sont tous des outils ou installations disponibles pour la personne enceinte afin que celle-ci puisse conserver une certaine mobilité, en fonction de la douleur qu’elle ressent.
«La maison de naissance est conçue pour permettre à la femme de vivre son travail de manière physiologique et l’accompagner pour qu’elle puisse donner naissance dans son pouvoir avec son propre corps, son outil».
Inclusivité et diversité
Un élément que la chef des sages-femmes tient à réitérer est l’importance accordée à l’inclusivité par la Maison de naissance Marie-Paule-Lanthier.
L’établissement a adopté une politique qui priorise une clientèle vulnérable. Les personnes enceintes de moins de 32 semaines qui satisfont aux mêmes critères que ceux élaborés par le Programme de services intégrés en périnatalité et pour la petite enfance (SIPPE) ou par le Programme Olo seront automatiquement prises en charge par la maison de naissance.
Ainsi, la Maison de naissance compte actuellement deux personnes transgenres parmi celles bénéficiant d’un suivi de maternité.
Le souci d’inclusivité se concrétise également dans le soutien personnalisé qui est offert. Lorsqu’elle est prise en charge, la personne enceinte est confiée aux soins d’une dyade de sages-femmes disponible 24 heures sur 24, sept jours sur sept, tout au long de sa grossesse, de son accouchement et jusqu’à six semaines après la naissance du bébé.
«Elles connaissent ses attentes, ses défis, son vécu et savent comment l’accompagner. Donc, ce sentiment de sécurité, de chaleur et d’intimité permet à la famille de vivre une expérience qui lui ressemble», soutient Mme Mainville.
De plus, l’art et la décoration qui ornent un peu partout la maison de naissance visent à honorer la diversité des corps qui donneront la vie.
Ma grossesse
Depuis mars 2022, le gouvernement du Québec a mis en place la plateforme Ma grossesse, qui permet à la femme enceinte d’obtenir de l’information et de connaître les professionnels de la santé à proximité durant la grossesse.
Cet outil gouvernemental inclut également un formulaire d’avis de grossesse informatisé dont le but est d’identifier les femmes enceintes vivant au Québec et de les diriger vers les services dont elles ont besoin.